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Rendez-vous médicaux non-honorés : le désarroi des professionnels de santé à Marseille

Chaque année, 27 millions de rendez-vous médicaux ne sont pas honorés, selon le Conseil national de l'Ordre des médecins. À Marseille, ce phénomène agace les professionnels de santé. Certains syndicats demandent que ces consultations soient payées, qu'elles aient lieu ou non.

Article rédigé par Hugo Charpentier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Photo d'illustration d'une salle d'attente de médecins. (JAMES HARDY
 / MAXPPP)

Sur la Canebière, un cabinet médical doit composer tous les jours avec les patients aux abonnés absents. "Entre 20 et 35 % de la patientèle", soupire Camelia Chaouabia la responsable du centre.

Le centre a pourtant mis en place des relances systématiques pour faire face à ces oublis. "C'est très compliqué ne serait ce que pour les praticiens, pour les secrétaires, parce que du coup, on a mis en place plusieurs relances pour confirmer les rendez-vous. Les patients reçoivent un SMS de Doctolib un jour avant. La veille, nos secrétaires, les appellent. Quand ils n'ont pas confirmé leur rendez-vous, on les rappelle pour avoir une confirmation derrière."

"De notre part, il y a un bon suivi par rapport à la confirmation des rendez-vous. Mais du côté de la patientèle, c'est vrai que ce n'est pas du tout respecté."

Camelia Chaouabia, responsable du centre dentaire

à franceinfo

Ce cabinet n'est pas un cas isolé. Selon le Conseil national de l'Ordre des médecins, chaque année entre 6 et 10 % des consultations ne sont pas honorées. Cela représente environ 27 millions de rendez-vous médicaux, l'équivalent de 4 000 médecins à temps plein.

Pour le docteur Lévy, c'est le revers de la médaille de la téléconsultation et, surtout, des plateformes de réservations. "Une partie des gens qui n'honore pas leurs rendez-vous sont des gens qui consomment de la santé, là il n'y a pas une vraie relation médecin-patient." Aujourd'hui, les sites en ligne permettent aux patients de multiplier sans contrôles les prises de rendez-vous. "Les gens veulent une ordonnance, explique le docteur Lévy. Ils prennent des rendez-vous à droite et à gauche. Ce ne sont pas des patients réellement suivis. Les patients qu'on connaît viennent au rendez-vous et on a une relation de confiance."

"Avec ces plateformes de prise de rendez-vous, la médecine devient devient souvent de la consommation et pas vraiment du suivi."

Docteur Levy

à franceinfo

Les syndicats réclament des sanctions financières

Plusieurs syndicats de praticiens voudraient sévir en sanctionnant financièrement les patients indélicats. Dans la salle d'attente, cette proposition rencontre un écho favorable chez les patients. "Je suis d'accord pour qu'il y ait une pénalité, soutient une patiente du cabinet dentaire. Ce n'est pas respectueux vis-à-vis du professionnel de santé."

Mais le profil des patients concernés ne permet pas de prendre une telle mesure. "Il y a des études qui ont montré que la majorité des rendez-vous non honorés concernait des patients qui sont dans des situations de précarité, des situations socio-économiques compliquées ou des patients qui sont victimes de violences, explique une médecin généraliste opposée à ces pénalités. Pour ces patients-là, ça ne paraît pas justifié et surtout, c'est une rupture de soins et de lien avec le médecin si on fait indemniser ces rendez-vous non honorés."

La mise en place de sanctions financières n'est pas possible en l'état. Il faudrait d'abord en passer par une modification de la loi.

 

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