À Pau, une structure pour personnes polyhandicapées recherche désespérément du personnel soignant
Depuis le mois de septembre, 14 des 100 salariés de cet établissement situé dans les Pyrénées-Atlantiques sont partis en milieu hospitalier ou en Ehpad, car les salaires y sont plus attractifs depuis le Ségur de la santé. Un cas loin d'être isolé.
"On cherche désepérément des infirmiers, des infirmières, des aides soignants", se désole Isabelle Moreno directrice de l’Arimoc, une association à but non lucratif. Mais sur son bureau on trouve seulement trois CV. La structure qui accueille des enfants et des adultes polyhandicapés à Pau, se vide de son personnel soignant. "Là, on a 14 démissions depuis septembre sur un total de 100 salariés. Ils partent à l'hôpital ou dans des Ehpad." Depuis le Ségur de la santé et la revalorisation de 183 euros par mois, les salaires y sont plus attractifs. C’est pour cette raison qu’Aurélie démissionne. Elle s’en va dans quelques jours, après dix ans dans l’établissement. "J'ai trouvé quelque chose en milieu hospitalier, le salaire est plus intéressant, explique-t-elle, Je quitte un métier que j'aime. Malheureusement on en est tous là, on doit payer nos factures. On va partir sur autre chose sans forcément l'envie."
Ces départs dégradent l'offre de soins
Trois résidents ont été hospitalisés après avoir fait une occlusion intestinale par défaut de surveillance. Et ça ne s’arrête pas là. "Par manque de personnel, on peut être amenés à ne faire qu'une toilette avec gant et cuvette, une douche un jour sur deux, témoigne France Pouy, la cadre de santé infirmier, ce n'est pas du tout confortable et augmente le risque d'escarres."
"On a plusieurs résidents qui ont des atteintes cutanées. Ce qu'on n'a jamais vu jusqu'à présent. C'est très difficile. On est vraiment noyés sous les responsabilités et l'inquiétude."
Florence Pouy, cadre de santé infirmierà franceinfo
Ce week-end, il manque une infirmière de nuit et une de matin. Mais impossible de trouver des intérimaires. Alors une décision est prise : pour leur sécurité, des enfants sont renvoyés dans leur famille. "On est obligés de gérer parce que ce sont nos enfants", commente une maman qui récupère son garçon, Là ça se passe le week-end mais si ça se passe en semaine c'est aussi problématique. Tout devient compliqué en fait." Danny une autre mère de famille s'inquiète aussi pour son fils : "Je commence à avoir un certain âge et reprendre une personne avec une handicap très très lourd, c'est pratiquement impossible, explique-t-elle. Comment va-t-on faire s'il n'y a plus assez de salariés ? Que va-t-on faire de nos enfants ?"
Car leur crainte c’est que la structure ferme définitivement faute de personnel. Alors tous réclament une homogénéisation et une généralisation du plan Ségur à tous les professionnels du champ du handicap. Selon la fédération Paralysie cérébrale de France, il manque ainsi entre 10 à 30% de professionnels en fonction des établissements et des zones géographiques.
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