: Vidéo Essai clinique Biotrial : "On n’était que des cobayes"
En janvier 2016, six patients testent une nouvelle molécule du laboratoire Biotrial, la BIA 10-2474, qui agit sur le cerveau. L’un d’eux décède et quatre autres souffrent de lésions neurologiques. Ils porteront plainte contre Biotrial pour mise en danger de la vie d'autrui. Extrait de "Pièces à conviction".
Le 6 janvier 2016, huit volontaires sont installés dans un dortoir chez Biotrial. Ils reçoivent 50 mg d'une molécule expérimentale, la BIA 10-2474, qui doit stimuler certaines zones du cerveau pour lutter contre la douleur et les troubles anxieux. Parmi ceux qui ont absorbé la molécule, un seul ne présente aucun symptôme. Cinq jours plus tard, un des volontaires, Guillaume Molinet, est dans le coma, et les quatre autres sont hospitalisés dans un état grave.
"La substance grise du cerveau touchée par un mécanisme mystérieux"
Leur cerveau est touché de manière inédite. "On a un tableau avec des lésions jamais rapportées. C'est la substance grise qui a été touchée par un mécanisme qui est encore mystérieux. Ça, c'est unique. Il y a là une telle spécificité que c'est la toxicité de ce produit qui a été responsable de lésions tissulaires dans des endroits très particuliers", explique le professeur Gilles Edan, chef du service neurologie au CHU de Rennes.
C'est lui qui prend en charge les volontaires de Biotrial. Il leur injecte des doses massives de corticoïdes, et leur sauve probablement la vie. Mais les quatre volontaires souffriront tous de séquelles neurologiques. Le 15 janvier 2016, Guillaume Molinet quant à lui est en état de mort cérébrale.
Marisol Touraine : "Ce qui s’est passé est inédit"
L'affaire éclate dans les médias. Marisol Touraine, alors ministre de la Santé, s'empare du dossier : "Je n'ai connaissance d'aucun événement comparable. Ce qui s'est passé est inédit et appelle la plus grande vigilance dans les enquêtes qui vont être engagées."
Le 17 janvier, Guillaume Molinet décède. Le même jour, les quatre autres volontaires portent plainte contre Biotrial pour mise en danger de la vie d'autrui. "S’ils avaient fait le nécessaire pour tout le monde dès que la première personne s'est fait hospitaliser, je ne pense pas qu'on se serait retrouvés dans cet état-là, déclare Stéphane Schubhan, l'un d'entre eux. Ils ne nous ont pas pris au sérieux. Pour eux, comme pour les animaux, on n'était que des cobayes."
"Médicaments : effets secondaires ou mortels ?", une enquête de Paul Labrosse diffusée dans "Pièces à conviction" le 26 avril 2017.
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