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Santé : utilisés pour traiter la ménopause, les troubles menstruels et l’endométriose, le Lutényl et le Lutéran provoqueraient un "sur-risque" de tumeur bénigne

La tumeur se développerait à partir des méninges, ces membranes qui enveloppent le cerveau et la moelle épinière. Ce sur-risque a été observé chez les femmes exposées aux médicaments macroprogestatifs à base d'acétate de nomégestrol (Lutényl et génériques) et d’acétate de chlormadinone (Lutéran et génériques).

Article rédigé par franceinfo
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Une femme souffrant d'endométriose (illustration). (PHILIPPE DE POULPIQUET / MAXPPP)

Utilisés pour traiter la ménopause, les troubles menstruels et l’endométriose, le Lutényl et le Lutéran ainsi que leurs génériques provoqueraient un "sur-risque" de méningiome, tumeur "le plus souvent bénigne", alerte mercredi 17 juin l'Agence nationale de sécurité du médicament dans un communiqué.

"Sur la base d’une étude épidémiologique réalisée chez un très grand nombre de patientes par le groupement d’intérêt scientifique EPI-PHARE et confirmant ce sur-risque, un comité scientifique de l’ANSM a émis des recommandations préliminaires d’utilisation et de surveillance, dans l’attente d’une phase de concertation qui sera organisée à l’automne, notamment avec les professionnels de santé et les patientes", peut-on lire dans ce communiqué.

Des tumeurs dans les méninges

La tumeur se développerait à partir des méninges, ces membranes qui enveloppent le cerveau et la moelle épinière. Ce sur-risque a été observé chez les femmes exposées aux médicaments macroprogestatifs à base d'acétate de nomégestrol (Lutényl et génériques) et d’acétate de chlormadinone (Lutéran et génériques). En 2019, près de 400 000 femmes ont utilisé ces médicaments, selon l'ANSM. 

L'étude épidémiologique, dont les résultats ont été présentés le 8 juin, "met en évidence une augmentation importante du risque avec la dose utilisée, la durée du traitement et l’âge de la patiente". Et d'expliquer : "Les femmes traitées plus de six mois par acétate de nomégestrol ou de chlormadinone sont exposées à un risque multiplié respectivement par 3,3 et 3,4 par rapport au risque de base, puis par 12,5 à partir d’une dose cumulée correspondant à cinq ans de traitement pour l’acétate de nomégestrol et par 7 à partir d’une dose cumulée correspondant à trois ans et demi d’utilisation de l’acétate de chlormadinone."

Par ailleurs, rappelle l'Agence nationale de sécurité du médicament, le risque de méningiome "conduisant à une chirurgie intracrânienne" augmente fortement avec l’âge : il est "trois fois plus élevé pour les femmes de 35 à 44 ans que pour celles de 25 à 34 ans".

Une IRM recommandée en cas de symptômes

L'ANSM invite les professionnels de santé à informer leurs patientes du risque de méningiome, réévaluer la pertinence d'un traitement par Lutényl, Lutéran et génériques en tenant compte du bénéfice-risque individuel, tout en limitant la durée d’utilisation de ces médicaments ainsi que leurs posologies aux doses minimales efficaces. L'Agence recommande également une IRM cérébrale en cas de symptômes évocateurs d'un méningiome.

Les patientes traitées par acétate de nomégestrol ou acétate de chlormadinone sont invitées à consulter leur médecin. Une IRM cérébrale pourra leur être proposée si elles ont plus de 35 ans et utilisent ces médicaments depuis plus de cinq ans.

"Si vous avez des interrogations, parlez-en avec votre médecin", précise dans son communiqué l'ANSM, qui ajoute : "Dans ce contexte et au regard des résultats de l’étude épidémiologique, nous invitons les professionnels de santé et les patientes à engager une réflexion commune quant à l’opportunité d’initier ou de poursuivre un traitement par ces médicaments."

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