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Pénuries de médicaments : "Depuis la prise de fonction d'Emmanuel Macron, il y a beaucoup d'annonces et très peu de résultats", déplore une association

Des "visites récurrentes d'usines" mais pas de mesures, c'est ce qu'a regretté Pauline Londeix, cofondatrice de l'Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament.
Article rédigé par franceinfo
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L'Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament milite pour une production publique des produits pharmaceutiques. (LE PARISIEN / ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

"Depuis la prise de fonction d'Emmanuel Macron, il y a beaucoup d'annonces, beaucoup de storytelling et très peu de résultats", a déploré sur franceinfo mardi 13 juin Pauline Londeix, cofondatrice de l'Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament. Alors que le chef de l'État doit présenter en Ardèche son plan de relocalisation de la production de médicaments en France, cette association milite pour une production publique des produits pharmaceutiques.

franceinfo : Emmanuel Macron doit en Ardèche ce mardi apporter des précisions sur une liste de médicaments "critiques" dont la production est susceptible d'être relocalisée en France. Est-ce selon vous une première étape pour faire face aux pénuries ?

Pauline Londeix : Il existe une liste de médicaments essentiels de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui comporte 777 médicaments, et une liste de médicaments d'intérêts thérapeutiques majeurs qui comporte 422 médicaments. On a déjà des listes. En 2017 [quand Emmanuel Macron a été élu pour la première fois], il y avait 538 signalements de médicaments en tension et aujourd'hui, on en a plus de 3 000. Il y a eu une explosion des ruptures de médicaments et en six ans quasiment rien n'a été fait par l'exécutif sur ce sujet. Une liste alors que les Français sont confrontés à de nombreuses pénuries de médicaments d'ibuprofène, de paracétamol depuis des mois, ça me paraît assez limité comme annonce.

Lors de la crise sanitaire, liée au coronavirus, Emmanuel Macron s'était engagé à relancer la production de paracétamol en France. Où en est-on aujourd'hui ?

La production sur le site en Isère a été retardée : au départ, on annonçait des médicaments qui sortiraient de l'usine en 2024, maintenant, c'est plutôt 2025, voire 2026. On est face aux limites du storytelling d'Emmanuel Macron. On voit bien que ça prend du temps. Il faut relancer cette production, c'est possible et évidemment, ça prend du temps. Nous avons alerté depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie que si la Chine et l'Inde décident de ne plus exporter de principes actifs de médicaments, on risque d'avoir de gros problèmes, parce qu'on n'est pas prêt à produire les médicaments essentiels sur notre territoire. Il faut commencer au plus vite. Depuis la prise de fonction d'Emmanuel Macron, il y a beaucoup d'annonces, beaucoup de storytelling, et très peu de résultats. Avec des visites récurrentes d'usines depuis six ans, mais pas d'actions concrètes pour réellement faire quelque chose et reprendre la main sur les politiques du médicament.

Faut-il nécessairement augmenter le prix des médicaments comme le réclame l'industrie pharmaceutique ?

En Suisse, les médicaments sont 48,4 % plus cher qu'en France et pourtant, il y a des ruptures de médicaments de plus en plus importantes. C'est un problème épidémiologique mondial, c'est aussi lié à l'augmentation de la population mondiale et à la transition épidémiologique avec une explosion des maladies non-transmissibles. Dans les années qui viennent, il y aura de plus en plus de ruptures de médicaments, de pénuries et de tensions. Il faut donc répondre au problème de façon structurelle et l'augmentation seule des prix des médicaments ne pourra pas permettre de répondre à ce problème. Il faut sortir le médicament de la loi de l'offre et de la demande, sinon on va simplement monter les enchères. Il faudrait augmenter les volumes de production pour arriver à couvrir les besoins des personnes.

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