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Sida : "On peut dire qu'on a gagné une bataille, mais on est loin d'avoir gagné la guerre"

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Article rédigé par franceinfo
Radio France

Le professeur Olivier Lambotte salue le travail de chercheurs de l'Institut Pasteur, qui annoncent avoir réussi à détruire des cellules infectées par le VIH, même s'il rappelle que "beaucoup de choses sont encore à faire".

"On peut dire qu'on a gagné une bataille, mais on est loin d'avoir gagné la guerre", a déclaré vendredi 21 décembre sur franceinfo Olivier Lambotte, professeur en immunologie à l’Université Paris Sud et coresponsable de la recherche clinique à l’ANRS, l'Agence nationale française de recherche sur le sida et les hépatites. Il a réagi à l'annonce des chercheurs de l'Institut Pasteur, qui affirment avoir réussi à détruire des cellules infectées par le VIH. Leurs travaux ne présentent pas à proprement parler un traitement, mais représentent un espoir vers une guérison des malades du sida.

franceinfo : est-ce une victoire sur la maladie ?

Olivier Lambotte : On peut dire qu'on a gagné une bataille, mais on est loin d'avoir gagné la guerre. Beaucoup de choses sont encore à faire, mais c'est une piste très prometteuse. On est capable d'attaquer le virus sur un flanc qui, pour l'instant, était méconnu et complètement inexploré. Cela nous rajoute une arme importante dans l'arsenal, encore faut-il le valider chez l'homme. La prudence est clairement de mise.

Pour le moment on en est au stade du laboratoire, la prochaine étape c'est de le faire in vivo. Pour quand peut-on l'espérer ?

Je pense qu'il faut qu'on ait encore un peu plus d'informations sur des données in vitro. Ensuite, l'objectif est de programmer des essais thérapeutiques chez l'homme, probablement dans les années qui viennent. Cela prend du temps parce qu'il y a des questions de sécurité qui sont majeures.

Peut-on imaginer qu'un jour il sera possible de guérir du sida ?

Il faut faire attention avec le mot guérir. Si guérir veut dire éradiquer totalement le virus, la réponse, pour moi, est non. Si guérir veut dire être capable d'arrêter les antiviraux pendant un certain temps sans que le virus ne réapparaisse, c'est probablement vers cela que nous allons.

Quel est l'enjeu, est-ce pouvoir se passer des antiviraux ?

Il faut bien garder en tête que les traitements antirétroviraux restent absolument majeurs dans le traitement du virus VIH et qu'il faut avant tout être capable de les offrir, de les donner à l'ensemble de la population mondiale infectée. C'est un enjeu majeur, essentiel. Ensuite, développer des stratégies complémentaires pour pouvoir arrêter ou réduire la pression des antirétroviraux sera gagnant à la fois pour la santé des patients, leur qualité de vie et sur un plan économique aussi.

Cette découverte peut-elle avoir des conséquences sur d'autres maladies, comme le cancer ?

Il y a de plus en plus de parallèles, que l'on est en train d'identifier, entre la recherche sur le VIH et la recherche sur le cancer. Ce sont des champs dont on apprend beaucoup des uns des autres.

Qu'en est-il du vaccin contre le VIH ?

Cela prend du temps parce que c'est un virus compliqué à neutraliser, donc ce n'est pas encore pour demain matin. Il y a beaucoup de progrès qui se font, mais il y a eu beaucoup d'échecs dans le passé, donc on apprend de ces échecs et cela implique de s'inscrire dans la durée.

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