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Vaccination des canards contre la grippe aviaire : "L'objectif, c'est qu'on réduise considérablement le risque d'abattage massif", précise un chercheur de l'Inrae.

Jean-Luc Guérin admet que le vaccin ne peut pas garantir à 100% qu'il n'y aura plus de foyers d'infections puisque seuls les canards d'élevage peuvent être traités. Mais il se dit "confiant sur le fait qu'on ne devrait pas avoir des grandes vagues épizootiques".
Article rédigé par franceinfo
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La campagne de vaccination des canards contre la grippe aviaire a débuté dimanche 1er octobre 2023 en France (illustration). (MAXPPP)

Une campagne de vaccination inédite débute en France. Plus de 60 millions de canards vont recevoir une dose préventive contre la grippe aviaire. Cette campagne est obligatoire pour éviter les abattages massifs que la France a connus ces derniers mois (plus de 10 millions de palmipèdes tués pour des raisons sanitaires). "L'objectif, c'est qu'on réduise considérablement le risque d'abattage massif", explique Jean-Luc Guérin, professeur à l’école nationale vétérinaire de Toulouse et directeur de laboratoire à l'Inrae.

>> Grippe aviaire : la vaccination démarre avec encore beaucoup de questions pour certains éleveurs

franceinfo : Quels seront les effets d'une telle campagne de vaccination sur les canards ?

Jean-Luc Guérin : La vaccination devrait réduire considérablement le risque d'infection. Après, on sait très bien que aucun vaccin ne peut garantir 100% d'efficacité. Ce que l'on recherche, c'est de casser les vagues épidémiques que l'on a connues les années précédentes, de baisser considérablement la charge virale d'animaux éventuellement infectés pour casser l'infection à l'échelle d'un troupeau et à fortiori d'un troupeau à l'autre.

"Ce que l'on sait aujourd'hui, d'expérience malheureusement depuis plusieurs années, c'est que c'est le canard qui joue un rôle épidémiologique majeur, y compris vis-à-vis des autres espèces avicoles comme les poulets ou les dindes."

Jean-Luc Guérin, directeur de laboratoire à l'Inrae

à franceinfo

C'est pour cela qu'on ne vaccine que les canards et pas les autres volailles ?

C'est pour ça qu'on vaccine effectivement tous les canards et c'est pour ça que la France est dans une position singulière à l'échelle européenne et internationale, puisque nous sommes finalement le seul grand pays producteur-exportateur à se lancer dans cette campagne de vaccination. C'est parce que nous avons un élevage très important de palmipèdes qui pose des questions spécifiques au niveau épidémiologique.

Est-on à peu près certain que ça va permettre d'éviter les abattages massifs dans les mois à venir ?

L'objectif, c'est qu'on réduise considérablement le risque d'abattage massif. On ne peut pas exclure qu'il y ait des foyers ponctuels d'introduction directe par la faune sauvage, puisque évidemment le réservoir dans la faune sauvage, lui, n'est pas accessible à la vaccination. Donc on ne peut pas certifier à 100% qu'on n'aura pas quelques foyers. Mais par contre, on est confiant sur le fait qu'on ne devrait pas avoir des grandes vagues épizootiques et donc des abattages préventifs massifs. Le virus de la grippe aviaire circule encore en ce moment à l'échelle européenne dans la faune sauvage et on a de manière très régulière des défections ces derniers jours, notamment en Europe du Nord, signe possiblement d'une circulation dans les couloirs de migration qui vont commencer à se charger. Donc le risque de réintroduction dans le le secteur professionnel de la volaille, il existe toujours.

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