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Infographies Covid-19 : contaminations, hospitalisations, mortalité… Ce que nous apprennent les données des pays déjà frappés par Omicron

Quel est l'impact d'Omicron dans les pays déjà confrontés depuis plusieurs semaines à ce nouveau variant ? Franceinfo a passé au crible les indicateurs épidémiques en Afrique du Sud, en Angleterre et au Danemark.

Article rédigé par Mathieu Lehot-Couette
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Un contrôle de pass sanitaire dans les rues de Londres (Royaume-Uni), le 17 décembre 2021. (HASAN ESEN / AGENCE ANADOLU via AFP)

"Un raz-de-marée", "un tsunami"... Plusieurs pays européens font face à une vague de contaminations au Covid-19 inédite par son ampleur depuis le début de l'épidémie, portée par le variant Omicron. En France, plus de 208 000 personnes ont été testées positives en 24 heures, a annoncé le ministre de la Santé, Olivier Véran, mercredi 29 décembre. 

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En Afrique du Sud, où il a été identifié dès novembre, la tendance est à la décrue. Dans ce pays, particulièrement meurtri par les précédentes vagues, les relevés du nombre de décès font état d'un bilan humain beaucoup plus faible que ceux observés par le passé.

En Angleterre (Royaume-Uni) et au Danemark, où le variant Omicron sévit depuis déjà plusieurs semaines, les observateurs scrutent les admissions de malades du Covid-19 dans les hôpitaux. Le nombre de nouveaux patients augmente dans les deux pays mais à des niveaux bien moindres que ceux observés lors des précédentes vagues. Franceinfo fait le point sur les indicateurs épidémiques de ces trois pays, confrontés depuis déjà plusieurs semaines à ce nouveau variant du Sars-Cov-2.

Une vague massive mais rapide ?

Beaucoup plus contagieux que les précédentes mutations du Sars-CoV-2, le variant Omicron provoque des vagues de contaminations record. Mais ces flambées virales pourraient être aussi rapides qu'elles sont massives. C'est du moins ce que laisse espérer l'exemple sud-africain. Dans ce pays, dont les scientifiques ont été les premiers à avoir identifié le nouveau variant fin novembre, la vague des contaminations provoquées par Omicron semble déjà être passée.

Démarrée à la mi-novembre, la hausse des cas a atteint son pic un mois plus tard, le 18 décembre, avec un taux moyen de plus de 23 000 tests positifs par jour. Mais la courbe s'est retournée aussi vite qu'elle est montée en flèche. Le nombre de nouvelles contaminations ne cesse de baisser depuis deux semaines. Le 29 décembre, cet indicateur était redescendu à près de 11 000 tests positifs par jour en moyenne, soit une baisse de près de 34% en une semaine.

Cette chute soudaine et continue n'avait pas été précédée de nouvelles mesures de restrictions, comme ça avait été le cas lors des précédentes vagues. Malgré des appels au reconfinement pour les fêtes de fin d'année, le gouvernement sud-africain s'est refusé à tout durcissement. Les autorités se sont contentées du maintien d'un couvre-feu entre minuit et 4 heures du matin. Par ailleurs, l'hémisphère sud est entré dans sa saison estivale depuis le 21 décembre. Cette période est moins propice à la circulation du virus, qui se propage surtout dans les lieux clos et non aérés.

Un variant moins meurtrier ?

Omicron est-il aussi dangereux que les autres variants du Sars-Cov-2 ? Trois premières études, publiées le 22 décembre, se veulent plutôt rassurantes. Ces travaux, qui n'ont pas été relus par des pairs, ont été menés par trois équipes différentes, l'une en Ecosse, l'autre à Londres et la troisième en Afrique du Sud. Tous font état d'une sévérité plus faible d'Omicron par rapport à son prédécesseur, le variant Delta. Les chercheurs de Londres concluent à un risque d'hospitalisation diminué de 25%, les scientifiques écossais évaluent cette baisse à 68% et l'équipe sud-africaine à 80%.

Les chiffres de la mortalité en Afrique du Sud semblent également aller dans le sens d'une moindre dangerosité du variant Omicron. Comme le montre le graphique ci-dessous, la courbe des décès de personnes atteintes du Covid-19 en Afrique du Sud n'a que légèrement augmenté ces dernières semaines. Et ses proportions sont bien plus faibles que celles observées pendant la précédente vague provoquée par le variant Delta.

Ces données sont malgré tout à interpréter avec précaution, compte tenu des particularités du pays. La relative jeunesse de la population sud-africaine impose de ne pas extrapoler ces données et de ne pas les transposer au reste du monde. Ainsi, 50% de la population d'Afrique du Sud est âgée de moins de 26 ans, alors que cette valeur médiane se situe plutôt autour de 40 ans dans les pays d'Europe occidentale. Par ailleurs, la population sud-africaine pourrait bénéficier d'une plus forte immunité naturelle acquise à la suite des précédentes vagues, qui ont été particulièrement virulentes dans ce pays.

Des hospitalisations en hausse...

Les très forts taux de transmission observés avec le nouveau variant font malgré tout craindre une hausse de la pression dans les hôpitaux. Mercredi, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a alerté sur un risque "d'effondrement" des systèmes hospitaliers. La veille, l'épidémiologiste Dominique Costagliola, interrogée par Le Monde (article abonnés), s'était inquiétée des "signaux" en provenance de Londres, où les hospitalisations repartent à la hausse depuis quelques jours.

De fait, les données en provenance de l'Angleterre et du Danemark montrent des hausses des admissions à l'hôpital de patients atteints du Covid-19. En Angleterre, plus de 1 200 nouveaux malades sont hospitalisés chaque jour, soit une hausse de près de 50% sur une semaine.

Au Danemark, plus de 120 nouveaux patients en moyenne arrivent chaque jour dans les hôpitaux. Cet indicateur est également en hausse, de près de 40% sur une semaine. 

Face à ce phénomène, l'OMS tire la sonnette d'alarme. "Une hausse rapide d'Omicron, comme celle que nous observons dans plusieurs pays, même si elle se combinait avec une maladie légèrement moins grave, entraînera tout de même un grand nombre d'hospitalisations, notamment parmi les non-vaccinés", a ainsi rappelé, mardi, Catherine Smallwood, l'une des principales responsables des situations d'urgence de l'OMS Europe.

... mais en dessous des courbes d'il y a un an

Pour l'heure, les afflux de malades du Covid-19 dans les hôpitaux anglais et danois restent cependant très inférieurs à ceux observés au cours des pics épidémiques de l'hiver 2020-2021. Comme le montre le graphique ci-dessous, en Angleterre la courbe des hospitalisations n'atteint pas, pour l'instant, les niveaux constatés il y a un an. Cela alors que le nombre de contaminations est pourtant deux fois plus élevé cet hiver.

Le même phénomène se constate au Danemark. Alors que le nombre de nouveaux tests positifs est actuellement plus de trois fois supérieur au pic de décembre 2020, les nouvelles admissions à l'hôpital restent à des niveaux inférieurs à ceux observés il y a un an. 

Il reste désormais aux experts à déterminer plusieurs points : cette gravité apparemment moindre est-elle liée aux caractéristiques propres à Omicron, ou est-elle due au fait qu'il frappe des pays à la couverture vaccinale élevée ou à la population déjà en partie immunisée à la suite des précédentes vagues ?

En France, l'Institut Pasteur a publié mercredi les dernières projections calculées par ses modélisateurs. Ces mathématiciens ont établi plusieurs scénarios selon le niveau de contagiosité et de sévérité attribué à Omicron ainsi qu'en fonction du comportement des Français. Dans l'hypothèse d'un variant 70% plus contagieux que Delta et d'un risque d'hospitalisation 80% plus faible, les chercheurs ont estimé un pic à 2 700 hospitalisations quotidiennes si la population ne réduit pas ses contacts. Mais ce pic descend à 1 900 et à 1 400 hospitalisations quotidiennes, soit des afflux considérés comme plus gérables, si les Français réduisent respectivement leurs contacts de 10% et 20%.


* Note méthologique : afin de comparer la vague actuelle de Covid-19 aux précédentes vagues dans chaque pays étudié, les valeurs des différents indicateurs (contaminations, décès, hospitalisations) sont exprimées en pourcentages par rapport à des valeurs repères exprimées en base 100. Cette méthode permet de comparer facilement plusieurs grandeurs entre différentes périodes. Ainsi, pour une base 100 à un jour J, un indice des contaminations évalué à 110 à un jour J+1 signifie qu'entre le jour J et le jour J+1, les contaminations sont plus importantes de 10%.

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