: Vidéo Vaccin ARN messager : "Ce que l'on injecte ne peut en aucun cas modifier notre ADN", rassure le généticien Axel Kahn
Le président de la Ligue nationale contre le cancer répond notamment aux doutes du professeur Éric Caumes, chef de service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Pitié-Salpêtrière.
"Il faut une immunité collective" pour venir à bout de l'épidémie de Covid-19, "et seule la vaccination l'apportera", estime Axel Kahn, généticien, essayiste et président de la Ligue nationale contre le cancer, mercredi 9 décembre sur franceinfo. C'est, selon lui, l'unique moyen "pour stopper ce cycle infernal des confinements, déconfinements, rechutes". Axel Kahn répond par ailleurs à ceux qui émettent des doutes sur les vaccins à base de matériel génétique (ARN messager), comme ceux de Pfizer et Moderna : "ce que l'on injecte ne peut en aucun cas modifier notre ADN", affirme le généticien.
franceinfo : Le professeur Éric Caumes, chef de service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Pitié-Salpêtrière, affirme qu'on "manque de recul" sur ces vaccins à base de matériel génétique. Qu'en pensez-vous ?
Axel Kahn : Je respecte beaucoup le professeur Caumes, qui est un ami, et il dit les choses qu'il pense en toute sincérité. Maintenant, je ne pense pas comme lui. Et s'il attendait des données publiées, elles sont parues hier, avec un rapport de 92 pages, qui est le rapport extrêmement fouillé à la base duquel les autorités sanitaires américaines vont donner leur avis favorable à la vaccination. Le rapport utilisé par les autorités britanniques pour donner leur avis a également été publié. Je les ai lus tous les deux, c'est extrêmement important et je pense que mon collègue et ami le professeur Éric Caumes, qui est favorable aux vaccinations en règle générale, devrait trouver dans ces publications ce qu'il cherche.
Mais notre ADN peut-il être modifié ? C'est ce qu'affirment les détracteurs de ces vaccins à ARN messager.
Il n'en est rien. C'est totalement impossible. On injecte 30 millionièmes de gramme de cet ARN, qui est très instable. Après avoir été traduit en la protéine contre laquelle va se faire la réaction vaccinale, il est rapidement détruit. On va de l'ADN à l'ARN, le chemin inverse est exceptionnel. Et puis surtout, il y a dans l'organisme, des grammes et des grammes d'ARN. Et ce que l'on injecte, ce produit très instable, un fifrelin, ne peut en aucun cas modifier notre ADN. Ceux qui ont prétendu cela sont soit des gens qui ont voulu tromper les auditeurs, soit des gens qui sont profondément ignorants.
On sait que l'année qui s'achève a été difficile dans la lutte contre le cancer : des opérations ont dû être déprogrammées en raison du Covid-19. Est-ce que cela vous inquiète en tant que président de la Ligue nationale contre le cancer ?
Oui, ça m'inquiète. Et c'est la raison pour laquelle je suis aussi ardent à défendre la vaccination. C'est que je sais très bien que pour stopper ce cycle infernal des confinements, déconfinements, rechutes, il faut une immunité collective et seule la vaccination l'apportera. Et il y a, on le sait très bien aujourd'hui, des milliers de personnes qui vont mourir du cancer dans les cinq ans qui viennent, qui n'auraient pas dû mourir.
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