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Vaccin Novavax aux Antilles : "Je pense qu'un certain nombre de Guadeloupéens vont changer d'avis", selon un médecin du CHU

"90%" des personnes décédées lors de la quatrième vague en Guadeloupe "n'auraient pas dû mourir", estime Bruno Jarrige, médecin réanimateur et directeur médical de la cellule de crise du CHU de Guadeloupe. Il espère que l'arrivée du vaccin Novavax, sans ARN messager, va encourager la vaccination.

Article rédigé par franceinfo
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Une bannière incitant à la vaccination devant le centre de vaccination de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, le 30 juillet 2021. (YANNICK MONDELO / AFP)

"Je pense qu'un certain nombre de Guadeloupéens vont changer d'avis et adhérer à ce vaccin qui n'est pas à base d'ARN", explique sur franceinfo dimanche 30 janvier le docteur Bruno Jarrige, médecin réanimateur, directeur médical de la cellule de crise du CHU de Guadeloupe à Pointe-à-Pitre. Le vaccin Novavax contre le Covid-19, sans ARN messager, sera livré en priorité aux territoires ultramarins, pour inciter à la vaccination alors que la situation sanitaire reste tendue aux Antilles. Selon lui, au CHU de la Guadeloupe, "l'obligation vaccinale est respectée à 93%".

franceinfo : Quel est l'état d'esprit parmi les soignants, sachant qu'effectivement, il y a énormément de défiance en Guadeloupe ? On a vu les manifestations, les émeutes, qui ont eu lieu autour de ce sujet.

Bruno Jarrige : La crise sociale, effectivement, se décline en parallèle de la crise sanitaire qui est très importante en ce moment puisque la cinquième vague est repartie en Guadeloupe avec un impact sur l'hôpital très important. La crise sociale continue à rendre difficile l'augmentation de la vaccination dans la population générale, qui reste très peu vaccinée. Ça augmente tout doucement.

"Sur la population entière, on est à 37% de la population vaccinée avec les deux doses et si on considère la troisième dose, on est entre 10 et 15%."

Dr Bruno Jarrige

à franceinfo

On est très en retard par rapport à la métropole, avec donc un impact sur la cinquième vague. Avec Omicron qui est très contagieux, on a beaucoup de cas et n'étant pas vaccinés, ils se retrouvent à l'hôpital avec des formes graves, parfois allant jusqu'à la réanimation ou au décès.

Votre hôpital est-il en état de saturation ou pas ?

On a plus de 120 malades atteints du Covid-19, ce qui représente dans notre CHU plus de 20% de la capacité. Tout ça a un impact très important, comme pour les vagues précédentes, au détriment des malades habituels. On a de la déprogrammation ou du report des prises en charge.

L'arrivée du vaccin Novavax pourrait-il faire repartir la vaccination ?

L'opposition à la vaccination est devenue un problème plus général et l'intensité de la crise fait que, peut-être certains ne changeront pas d'avis. Les causes de cette opposition dans les Antilles sont multiples. Il y a en plus de la métropole des causes liées au colonialisme. Et il y a surtout une réticence vis-à-vis du vaccin à base d'ARN messager. Mais je pense qu'un certain nombre de Guadeloupéens vont changer d'avis et adhérer à ce vaccin qui n'est pas à base d'ARN.

Est-ce que vous avez le sentiment que la défiance contre le vaccin est entretenue par certains ?

Oui, parce que c'est devenu un enjeu politique. Donc forcément, les argumentaires ne sont plus sanitaires. Et nous, les médecins, on essaie de continuer à faire œuvre de pédagogie.

"Ce vaccin, si on le prend, ce n'est pas pour le pass sanitaire. Ce n'est pas pour aller au cinéma ou au restaurant, c'est pour éviter les formes graves qui sont importantes."

Dr Bruno Jarrige

à franceinfo

On sort de la quatrième vague qui, en Guadeloupe, a été très sévère avec plus de 800 personnes qui sont malheureusement décédées de la Covid-19. Des études épidémiologiques ont bien montré qu'on aurait pu en éviter plus de 700. Donc 90% de ces personnes n'auraient pas dû mourir, si elles avaient été vaccinées. Ce drame qu'on a vécu en juillet, en août et en septembre a laissé de telles traces qu'on n'a pas envie de le revivre.

Mais ça recommence : l'hôpital se remplit de personnes qui ne sont pas vaccinés. Et malheureusement, avec des drames familiaux qui recommencent. Donc on pousse nos populations à se faire vacciner pour éviter que de nouveaux drames se produisent.

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