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Troisième dose de vaccin pour les plus de 65 ans : "Je pense que c’est le moment", estime le président de la Société française de gériatrie

Le chef du pôle gériatrie du CHU de Nice, Olivier Guérin, se prononce en faveur de l'injection d'une troisième dose de vaccin à partir de septembre pour les personnes les plus vulnérables, puis pour toutes les personnes de plus de 65 ans.

Article rédigé par franceinfo
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Une infirmière prend la tension d'une résidente d'un Ehpad de Clapiers (Hérault), le 15 avril 2021, lors d'une campagne de vaccination contre le Covid-19. (MAXPPP)

La Haute autorité de santé préconise une dose de rappel pour les plus vulnérables dès début septembre puis pour tous les plus de 65 ans. Olivier Guérin, chef du pôle gériatrie du CHU de Nice, espère que "ce rappel sera le dernier". Sur franceinfo ce mardi, il estime néanmoins que la "priorité absolue" reste de "vacciner ceux qui ne le sont pas encore." Egalement membre du Conseil scientifique et président de la Société française de gériatrie et gérontologie, il assure voir revenir dans les hôpitaux des "patients d’Ehpad", avec "des formes parfois sévères" alors qu’ils sont vaccinés. Il considère ainsi que "c’est le moment" de lancer cette campagne de rappel.

franceinfo : Etes-vous prêts pour des prises de rendez-vous dès ce lundi 30 août ?

Olivier Guérin :  Oui. On l’avait déjà proposé au sein du Conseil scientifique il y a plusieurs semaines, donc on attendait le positionnement de la Haute autorité de santé mais aussi des données récentes sur l’efficacité de ce rappel. Une étude israélienne a notamment montré l’efficacité de ce rappel, à six mois, qui augmente fortement la protection, à la fois contre la transmission et encore plus contre les formes sévères. Après, est-ce que cette troisième dose sera la dernière ? Seul l’avenir nous le dira. On verra si on part sur un schéma de revaccination périodique, un peu comme la grippe saisonnière, ou si ce rappel sera le dernier. On a cet espoir-là, mais c’est très difficile à l’heure actuelle de le savoir. On apprend en marchant.

"Est-ce que cette troisième dose sera la dernière ? Seul l'avenir nous le dira"

Olivier Guérin

à franceinfo

Il reste encore des personnes âgées, isolées, qui ne sont toujours pas vaccinées. Cela vous semble-t-il faisable de conjuguer cet enjeu avec celui d’une troisième dose ?

Oui, je crois qu’on peut faire les deux. Après, c’est une question de stock. A ce propos, le ministre de la Santé dispose de toutes les informations nécessaires, donc si c’est proposé, c’est que nous avons les doses pour le faire. Il faut absolument prioriser, évidemment. Et d’abord vacciner ceux qui ne le sont pas encore. Cela reste la priorité absolue du système de santé et de l’ensemble des acteurs, comme les collectivités territoriales et le monde associatif. Mais on peut faire ce rappel maintenant, qui permet de restaurer une immunité plus performante, avec un variant beaucoup plus contagieux et un peu plus dangereux.

Et c’est pour ça que je pense que coupler la vaccination contre la grippe et celle de la troisième dose, à partir de fin octobre, est une bonne chose. Là, on rentre vraiment dans une culture de la prévention par la vaccination, c’est vraiment très important. Nous, les gériatres, ça fait longtemps qu’on dit qu’il faut mettre encore plus le paquet sur la vaccination antigrippale, qui fait entre 8 000 et 15 000 morts, selon la sévérité de la grippe chaque année. Et puis je pense que nos concitoyens ont bien compris, pour la grande majorité en tout cas, l’importance du geste vaccinal.

Est-ce que, dans les services Covid des hôpitaux ou en gériatrie, vous commencez à voir revenir des patients plus âgés ?

Oui, c'est vrai quenotamment depuis début août, on voit arriver à nouveau des patients, je pense aux patients d'Ehpad, qui étaient assez absents sur le début de la quatrième vague et qui là reviennent, en petit nombre, mais avec des formes parfois sévères, alors qu’ils sont vaccinés, ce qui montre qu'effectivement, il est temps pour ces patients-là, particulièrement vulnérables et donc avec une immunité plus faible, de faire cette campagne de rappel pour réussir à passer un automne où on évitera à la fois la saturation des hôpitaux, puis évidemment, surtout, et c'est plus important, des formes graves pour ces patients-là. Cela vient à la fois de la contagiosité du variant Delta et du fait que la population générale n’est pas encore suffisamment vaccinée. Donc je pense que c'est le moment.

"On ne pourra pas se débarrasser de la pandémie si on n'a pas une vision planétaire"

Olivier Guérin

à franceinfo

Est-il totalement justifié de lancer cette campagne de 3ème dose quand certains, parmi les plus jeunes, n'ont pas encore reçu leur première dose et que certains pays, moins développés, peinent à se procurer des vaccins ?

Concernant la France, c'est vrai qu’on a toujours privilégié la vaccination de ceux qui étaient le plus à risque de faire des formes sévères. Donc là, on est toujours dans la même logique de privilégier ceux qui risquent de mourir ou de finir en réanimation à cause du Covid-19. Ça n'empêche pas qu'effectivement, il faut se vacciner à côté. C'est un geste altruiste, mais pas que, parce qu'il y a quand même des formes symptomatiques et puis les Covid longs qui sont très embêtants pour beaucoup de nos concitoyens. Donc il faut continuer aussi.

Après, il faut qu'on ait une vision très internationale. On ne pourra pas se débarrasser de la pandémie si on n'a pas une vision planétaire. Et là, je pense que les pays riches ont ce devoir de solidarité d'aider à vacciner les populations des pays les plus pauvres. C'est à la fois un devoir moral, mais aussi un vrai devoir de santé publique qui s'impose à nous.

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