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Covid-19 : "Il ne faut pas se faire faussement rassurer" par un test antigénique pour pouvoir fêter Noël, anticipe le professeur Anne-Claude Crémieux

Certains pourraient être tentés de faire un test antigénique pour permettre les retrouvailles familiales pour Noël. La professeure rappelle que "si on veut vraiment un test qui soit sûr, c'est le test PCR".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Illustration test antigénique. (ERIC MALOT / MAXPPP)

"Il ne faut pas se faire faussement rassurer", tempère vendredi 13 novembre sur franceinfo Anne-Claude Crémieux, professeure de maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Louis à Paris et membre de l'Académie nationale de médecine, alors que les tests antigéniques sont en train d'être déployés en France à grande échelle. Pour Anne-Claude Crémieux, "ces tests sont très intéressants" quand ils sont bien utilisés. "Avoir massivement recours à ce genre de tests avant de retrouver sa famille à Noël par exemple n'est pas forcément recommandé".

franceinfo : Est-ce que vous conseillez aux Français de faire un test antigénique très rapide avant de retrouver d'autres membres de leur famille pour Noël, y compris en petit comité ?

Anne-Claude Crémieux : Il ne faut pas se faire faussement rassurer. Je pense que ça peut être intéressant, ce sont des démarches qu'on a encouragées, notamment pour des jeunes qui avaient été exposés - parce qu'ils avaient été en contact avec d'autres jeunes et qu'ils devaient voir des parents âgés - et à qui on a parfois conseillé de faire des tests. Mais attention, à ce moment-là, ce sont des personnes asymptomatiques. Si on veut vraiment un test qui soit sûr, c'est donc le test PCR. Il ne faudrait pas que ces gens soient faussement rassurés par un test antigénique qui, dans cette indication-là, ne serait pas à prescrire.

Dès la semaines prochaine, plus d'un million de test antigéniques seront déployés pour les enseignants et personnels de l'Éducation. Est-ce une bonne solution ?

Ces tests sont très intéressants mais il faut néanmoins les utiliser là où ils vont avoir un impact. C'est-à-dire, là où ils vont être utiles pour faire un diagnostic plus rapide et donc pouvoir mieux prendre en charge des patients et avoir plus de chance de contrôler les chaînes de contamination.

Il n'y a pas de question sur leur fiabilité mais sur leur sensibilité. 

Anne-Claude Crémieux, professeure de maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Louis

à franceinfo

On sait que ces tests sont moins sensibles que le test de référence PCR. C'est pourquoi, on recommande de les utiliser chez les personnes symptomatiques le plus tôt possible : dans les 4 jours. À ce moment-là, la sensibilité est de 80% par rapport au test de référence. Ce qu'il faut retenir aussi, c'est que pour les personnes à risque - sujettes à une forme sévère ou à risque d'infection, c'est-à-dire qu'elles ont été exposées, qu'elles sont cas contacts - un test négatif ne suffit pas. Il va falloir le faire confirmer par une PCR.

Est-ce que le gouvernement fait le bon choix en n'allégeant pas le confinement avant le 1er décembre ?

C'est un choix prudent et c'est ce qu'on lui demande. Parce qu'on voit seulement aujourd'hui les premiers résultats de ce confinement allégé. C'est déjà une bonne nouvelle parce que nous avions la certitude qu'un confinement total était efficace. Mais jusqu'à présent, il n'y avait aucune preuve qu'un confinement allégé, qui laissait une partie de l'activité se faire, ait un impact sur la circulation du virus.

Selon un sondage Odoxa Dentsu-Consulting pour franceinfo et Le Figaro, 60% des Français refusent que le futur vaccin contre le Covid-19 soit rendu obligatoire. Et si ce vaccin est facultatif, seule la moitié d'entre eux sont prêts à se faire vacciner. Est-ce que ces chiffres vous surprennent ?

On sait qu'en France, il y a toujours une petite réticence. Je pense qu'il ne faut pas trop s'en formaliser, mais plutôt se dire qu'il va falloir bien expliquer, pourquoi on recommande ce vaccin.

On peut comprendre que des gens se posent des questions parce que c'est un vaccin qui a été fabriqué rapidement, mais cette rapidité ne veut pas dire absence de sécurité. 

Anne-Claude Crémieux

Il faut atteindre la population qui est la plus exposée à des infections sévères. C'est celle-là qui sera prioritaire avec le personnel soignant. Il faut donc de l'information et de la transparence. [Concernant la possible obligation de se faire vacciner], je pense que les autorités n'ont pas ça en ligne de mire. D'une façon générale, les vaccins obligatoires ce sont rarement des vaccins dont on commence l'utilisation. L'obligation vient quand, après plusieurs années, on s'aperçoit que le taux de couverture vaccinale est insuffisant. Aujourd'hui, aucune autorité n'envisage l'obligation qui, il faut le rappeler, est souvent le prétexte des ligues anti-vaccin pour se mobiliser.

Une vingtaine de médecins internes de l'hôpital de Tarbes (Hautes-Pyrénées) ont participé à une fête clandestine dans la nuit de mardi à mercredi dans la résidence du centre hospitalier de Bigorre, quelle est votre réaction quand vous entendez ça ?

Je pense que c'est inexcusable. Pour deux raisons : la première, pour tous les citoyens ce serait évidemment inexcusable. Et la deuxième, encore plus parce que ce sont des collègues. Ce sont des internes. Ce sont des médecins. C'est à eux de montrer l'exemple. C'est évident. D'autre part, lorsqu'ils s'infectent, ce n'est pas seulement eux qu'ils mettent en danger, c'est leur patient, donc c'est totalement inexcusable.

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