: Témoignage "Je n'ai jamais douté" : plus d'un an et demi après leur suspension, cette soignante non vaccinée contre le Covid-19 est de retour à l'hôpital
Les soignants non-vaccinés vont pouvoir retourner travailler à l'hôpital lundi 15 mai, plus d'un an et demi après leur suspension. Mais les personnels hospitaliers qui avaient refusé de se faire vacciner contre le Covid en septembre 2021 ne seront pas forcément repris au même poste et dans le même service. Combien seront-ils ? C'est la question. Le ministère de la Santé avait estimé à l'époque le nombre de personnels de santé, d'Ehpad, et d'hospitaliers écartés de leur travail à 15 000, mais depuis, beaucoup ont changé de métier. franceinfo a rencontré l'une de ces soignants non vaccinés qui compte bien revenir travailler à l'hôpital.
Cela fait plus de 600 jours qu'Adélaïde Jorand a été suspendue de son poste d'orthophoniste à l'hôpital de Périgueux. Elle s'accrochait depuis à l'idée qu'un jour, sans être vaccinée contre le Covid, elle reviendrait travailler à l'hôpital. "Je n'ai jamais douté, affirme-t-elle. Il lui a pourtant fallu tenir financièrement sans salaire. "J'ai dû vider mes comptes épargne. J'habite avec mon mari et mes enfants, trois adolescents dont certains rentrent en études supérieures, donc ça a été difficile."
"Certains de mes collègues ont flanché. Ils se sont retrouvés en situation de surendettement, en faillite personnelle. Il y a eu des divorces, des suicides... Ça n'a vraiment pas été anodin."
Adélaïde Jorand, orthophonisteà franceinfo
Dans les hôpitaux, des équipes divisées face à l'obligation vaccinale
Durant ces 600 jours, Adélaïde Jorand a beaucoup milité contre le vaccin et le pass sanitaire. Elle a fait une grève de la faim, créée un journal, et même participé à un collectif qui s'est présenté aux élections législatives. Dans les hôpitaux français, la vaccination a divisé les équipes. On a pu entendre des soignants vaccinés se féliciter d'avoir "fait le ménage en se débarrassant des antivax et des complotistes." Pour autant, Adélaïde Jorand ne craint pas de retrouver ses collègues. "Je n'ai aucune appréhension à l'échelle des relations humaines, confie-t-elle. La ville dans laquelle j'habite est assez petite, donc on croise facilement des collègues au marché, dans une manifestation contre la réforme des retraites ou chez le libraire ... Les contacts sont très faciles."
Comment réagiront ceux qui sont vaccinés ? Le docteur Mathias Wargon, chef du service des urgences à l'hôpital Delafontaine à Saint-Denis, regrette surtout le symbole derrière cette décision gouvernementale qui remet en cause, selon lui, le principe de la vaccination obligatoire des soignants. "La France est déjà un pays 'antivax' depuis des décennies, donc je crains qu'on finisse par dire que les vaccins ne servent à rien, confie-t-il. Aujourd'hui, les vaccins sont utilisés contre les maladies infectieuses certes, mais aussi de plus en plus contre certains cancers ... C'est tout cela qu'on va casser."
Les différentes autorités de santé et hôpitaux estiment que, plus d'un an et demi après leur suspension, tout au plus quelques centaines, quelques milliers de personnels vont demander à réintégrer les hôpitaux et les Ehpad.
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