L'hôpital de Melun face à la cinquième vague de Covid-19 : une cadre "espère qu'on n'en arrivera pas" à opérer un tri entre vaccinés et non-vaccinés
Au centre hospitalier de Melun, le service de réanimation manque d'infirmières alors que les admissions de patients Covid-19 augmentent. Face au manque de moyens et à la lassitude des équipes, la question de prioriser les patients vaccinés se pose.
Dans le service de réanimation du centre hospitalier de Melun, il ne faut pas se fier à l’impression de calme qui domine : presque la moitié des lits sont occupés par des patients Covid. Le nombre a grimpé en flèche en trois semaines et il manque vingt infirmières. Malgré les heures supplémentaires, le service de soins intensifs n’a donc pas les moyens de s’agrandir. Cela se ferait au détriment des autres malades explique Mérane Mouchi, le chef de service : "Prendre une partie des soignants pour fermer des lits de médecine ou de chirurgie et les mettre en réanimation, ce serait ne pas avoir la capacité d'accueil des autres malades qui arrivent aux urgences. Et ça, nous avons décidé de ne pas le faire".
Les critères d’admission en réanimation risquent de devenir plus sévères, selon la cadre de santé en soins intensifs de l'établissement, Magalie Lenotre. "A un moment donné, peut-être pourra se poser cette question éthique de faire un choix entre les personnes vaccinées et ceux qui ont fait le choix de ne pas se faire vacciner. Et auquel cas, qui on prend en réanimation ? Mais j'espère qu'on n'en arrivera pas là".
Un sentiment de "lassitude" gagne les soignants
Le départ des infirmières expérimentées remonte au début de la crise du Covid-19, selon Nisrine Masse, infirmière au centre hospitalier de Melun depuis quatre ans : "On se retrouve avec beaucoup d'infirmiers ou d'aide soignants soit nouveaux diplomés qui sortent d'école, sinon ce sont des personnes qui ont dû changer de région ou d'établissement".
"Depuis la première vague Covid, je crois que plus de la moitié du personnel paramédical a quitté son poste pour aller ailleurs ou changer de métier."
Nisrine Masse, infirmièreà franceinfo
L'état d’esprit des soignants a changé aussi. "Je ne sais pas s'il y avait de l'héroïsme initialement mais en tout cas il y avait peut-être le côté nouveauté qui commence à s'estomper donc il y a une certaine forme de fatalisme et de lassitude", affirme Gaël Michaud, médecin en réanimation. Sur les quinze patients actuellement en soins intensifs, treize ne sont pas vaccinés. Et un quart d’entre eux ont des faux pass sanitaires.
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