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Covid-19 : responsables d'établissements et parents d'élèves opposés à la levée du secret médical en milieu scolaire

Le projet de loi de "vigilance sanitaire", adopté vendredi 5 novembre, inclut notamment la levée du secret médical dans le cadre scolaire pour les chefs d'établissements.

Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Au collège Pierre de Geyter à Saint-Denis avec des élèves de 5ème. Photo d'illustration. (SONIA PRINCET / FRANCE-INTER)

Le Parlement a finalement adopté vendredi 5 novembre, dans une ambiance houleuse, le projet de loi de "vigilance sanitaire", qui permet notamment le recours au pass sanitaire jusqu'au 31 juillet 2022. Après des désaccords forts, entre le Sénat, majoritairement dominé par la droite et l'Assemblée nationale, tenue par la majorité présidentielle, les députés ont donc eu le dernier mot.

Dans ce texte, il y a aussi la levée du secret médical dans le cadre scolaire, pour que les chefs d'établissements puissent notamment connaître le statut vaccinal des élèves. Une mesure loin de faire consensus.

Aujourd'hui, seule la Sécurité sociale sait, si tel ou tel élève est vacciné contre le Covid-19. Si besoin, par exemple pour un cas dans une classe, les familles produisent une attestation sur l'honneur. Cette formule suffit, assure Laurence Colin, du syndicat des chefs d'établissements SNPDEN. Elle est farouchement opposée à cette mesure. "Non seulement ce n'est pas demandé mais nous sommes contre", affirme-t-elle.

"Ce n'est pas notre travail et cela ne nous regarde pas."

Laurence Colin, du syndicat des chefs d'établissements SNPDEN

à franceinfo

"C'est quelque chose que l'on ne demande pas et que l'on ne souhaite pas avoir à faire. C'est un processus de contrôle. Demander des informations aux familles ne fait pas partie de notre travail. Qu'éventuellement l'Agence Régionale de Santé le fasse ou l'infirmière ou le médecin scolaire pourquoi pas, mais ce n'est pas quelque chose que l'on souhaite avoir à faire. Cela nous demanderait du travail en plus et ce sont des informations que nous n'avons pas à connaître", estime Laurence Colin.

Selon elle, les attestations sur l'honneur utilisées jusque-là "suffisaient", "cela ne mettait pas l'établissement en porte-à-faux pour demander des informations a posteriori."

Un moyen de faciliter le dépistage et la vaccination, selon le gouvernement

Désormais, avec cette nouvelle loi, les directeurs, les principaux, les proviseurs, auront donc les informations officielles jusqu'à la fin de l'année scolaire. Quel élève est vacciné, mais aussi quel autre est contaminé ou cas contact.

Pour le gouvernement, c'est pour faciliter les campagnes de dépistage et de vaccination en milieu scolaire. Cela ne servira à rien, répond la fédération de parents d'élèves, FCPE, à part rabaisser le rôle des familles, estime la coprésidente Clara Dugault. "C'est la question de la confiance" qui est centrale selon elle. 

"En faisant ça, le gouvernement quelque part met de côté les parents d'élèves et d'autres acteurs de la communauté éducative."

Clara Dugault, coprésidente de la FCPE

à franceinfo

"C'est un peu dur de dire aux parents que peut-être on ne leur fait pas confiance et que les attestations qu'ils peuvent faire ne sont pas sincères. Cela suggère quelque chose de très négatif et cela n'aide pas à apaiser les climats dans les établissements scolaires", conclut Clara Dugault.

Cette mesure risque enfin de crisper certaines situations entre équipes pédagogiques et familles, craignent ces différents acteurs.

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