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Covid-19 : quatre questions sur le vaccin de la société franco-autrichienne Valneva, qui sera livré en priorité aux Britanniques

Cette priorité, liée à un financement par Londres, d'une partie de la recherche et de la production du candidat vaccin, a déclenché un début de polémique.

Article rédigé par franceinfo
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Le Premier ministre britannique Boris Johnson visite une usine de Valneva, à Livingston, en Ecosse, le 28 janvier 2021. (WATTIE CHEUNG / POOL / AFP)

Un futur vaccin qui file à l'anglaise ? La société franco-autrichienne de biotechnologie Valneva, basée à Saint-Herblain près de Nantes, a en effet développé un candidat-vaccin contre le Covid-19 qui sera d'abord livré au Royaume-Uni. Pour une raison simple : Londres a financé les essais cliniques et l'extension d'une usine en Ecosse. L'Union européenne, et donc la France, ne seront servies qu'en 2022.

"Ça me fait mal de voir cette pépite, qu'on connaît bien dans la région des Pays de la Loire, partir de France et aller au Royaume-Uni", a déploré Christelle Morançais (même si le siège social de Valneva reste en France). La présidente Les Républicains (LR) de la région des Pays de la Loire reprochait à l'Etat sa "bureaucratie qui pèse et qui empêche les talents de développer ici sur notre territoire", mercredi 3 février sur franceinfo.

1Que sait-on de ce vaccin ?

Le candidat-vaccin de la société Valneva contre le Covid-19 utilise la technologie classique du virus inactivé, comme celui, par exemple, de la grippe. Ce processus permet de créer une réponse immunitaire chez les patients, en leur injectant un virus privé de ses capacités de nuire. Les résultats des premières phases des essais sur l'humain sont attendus en avril. Il s'agit d'un vaccin à deux doses, qui se conserve grâce à une chaîne de froid standard (2 à 8 °C), selon Valneva. Si les essais font la preuve de son efficacité, il pourrait être autorisé pour la fin 2021.

2Pourquoi sera-t-il livré d'abord au Royaume-Uni ?

Comme les autres laboratoires, la biotech Valneva n'a pas attendu d'avoir terminé tous les essais cliniques de son candidat-vaccin pour le vendre, étant donné les sommes colossales nécessaires pour développer et produire un vaccin. Le Royaume-Uni s'est positionné le premier, en passant un accord dès juillet 2020, avant de signer en septembre un partenariat portant sur un potentiel de 190 millions de doses achetées, pour une valeur maximale de 1,4 milliard d'euros.

"Le Royaume-Uni nous a approchés pour dire : vous avez une usine en Ecosse, votre vaccin inactivé nous intéresse, est-ce qu'on peut trouver un accord ?" explique Franck Grimaud, directeur général de Valneva. "A partir du moment où il y a un Etat ou un organisme international qui prend tout le risque sur vous, vous avez des engagements contractuels vis-à-vis de ce pays ou de cet organisme", poursuit-il.

Les Britanniques auront ainsi la primeur du vaccin de Valneva, avec au moins 100 millions de doses livrées à partir de l'automne, car ils ont financé tous les essais cliniques et l'extension d'une usine du groupe en Ecosse.

3Et la France n'en aura pas ?

Si, mais en 2022, via l'Union européenne, qui centralise les commandes pour les 27 pays membres. En janvier, la Commission européenne a indiqué avoir conclu des pourparlers exploratoires avec Valneva pour acheter jusqu'à 60 millions de doses. Valneva ne fait toutefois pas partie des six entreprises avec lesquelles des contrats ont été signés. Selon Franck Grimaud, Valneva avait sollicité les gouvernements européens dès le mois d'avril 2020, avant de se tourner vers les Britanniques.

La ministre déléguée chargée de l'industrie, Agnès Pannier-Runacher, répond cependant que l'Etat français a eu "des discussions nourries avec le laboratoire" dès le 6 mai 2020. "Valneva a pris la décision d'avancer au Royaume-Uni, où ils disposaient par ailleurs de leur unité de production", ajoute-t-elle.

4Comment s'est fait connaître cette société ?

C'est une "biotech", une entreprise spécialisée dans les biotechnologies, de quelque 600 collaborateurs et présente dans six pays. Valneva est basée à Saint-Herblain, près de Nantes (Loire-Atlantique) où elle a ses laboratoires. Elle est issue de la fusion, en 2013, entre la société autrichienne Intercell AG et la start-up française Vivalis, née dans les laboratoires publics de l'Institut national de la recherche agronomique et environnementale (Inrae).

Avant de s'appeler Valneva, la start-up Vivalis, née en 1999, avait pour objectif de produire des protéines à visée thérapeutique, grâce à des cellules-souches d'origine aviaire. Les premiers procédés utilisés par la société se sont appuyés sur le savoir-faire d'un laboratoire de l'Inrae à Lyon, qui avait mis au point un procédé d'isolation et de culture de cellules-souches de poulet. Un brevet de cette technologie lui a permis d'asseoir une position de pionnier dans l'utilisation de ces nouvelles méthodes. Il a été suivi du dépôt d'un brevet conjoint entre Vivalis et le laboratoire académique en 2001 dans les biotechnologies de production de protéines.

Jusqu'à la pandémie, l'entreprise tirait l'essentiel de ses revenus de vaccins pour les voyageurs (encéphalite japonaise, choléra et diarrhée du voyageur), souligne Le Figaro. Avec l'épidémie de Covid-18, les ventes ont dramatiquement chuté, mais elle a su miser sur un nouveau produit.

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