Covid-19 : "Quand on vend tout au privé, on est privés de tout, et aujourd'hui, on est privés de vaccins", s'insurge le député communiste Fabien Roussel
Il demande à ce que les propriétaires des vaccins, aujourd'hui Pfizer, AstraZeneca et Moderna, mettent dans le domaine public les formules de leur vaccin pour que chaque pays puisse les produire.
Fabien Roussel, député PCF du Nord s'est insurgé vendredi 29 janvier sur franceinfo devant la pénurie de vaccins contre le Covid-19. Des régions en France sont obligées de reporter des rendez-vous pour les premières injections après l’annonce par des laboratoires de retards de livraisons de vaccins. "Quand on vend tout au privé, on est privés de tout. Et aujourd'hui, on est privés de vaccins", a déploré l'élu.
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Comment réagissez-vous à aux retards de livraison de vaccins ?
Fabien Roussel : Il n'y a aucune maîtrise publique de la production de ces vaccins et aujourd'hui, nous subissons une pénurie de vaccins. Le centre de vaccination de Saint-Amand-les-Eaux (Nord), ma commune, en ce moment est en train d'appeler 890 personnes de plus de 75 ans qui avaient pris rendez-vous. L’Agence régionale de santé nous demande de déprogrammer ces rendez-vous. Nous ne pourrons plus prendre de rendez-vous pour la première injection avant le 1er mars, alors que nous savons que c'est la vaccination massive qui nous permettra de sortir des périodes de confinement, qui nous permettra de retrouver la vie d'avant quand nous serons tous vaccinés.
"Il y a véritablement une course contre la mort pour que le plus possible de concitoyens soient vaccinés. Et aujourd'hui, les grands laboratoires pharmaceutiques sont incapables de répondre à cette urgence."
Fabien Roussel, député PCF du Nordà franceinfo
Quand on vend tout au privé, on est privés de tout. Et aujourd'hui, on est privés de vaccins. Notre pays, la nation française, notre grand pays, celui de Pasteur, est aujourd'hui incapable d'offrir, de permettre à nos concitoyens d'accéder à un vaccin.
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Nous payons le choix de ne pas avoir investi massivement dans la recherche publique, dans la recherche fondamentale. Notre pays a fait clairement un choix, c'est de donner l'argent public à des entreprises privées via le crédit impôt recherche. C'est 6,4 milliards par an que nous donnons aux grands groupes privés, dont les laboratoires pharmaceutiques, via un crédit d'impôt. Or, ces laboratoires pharmaceutiques comme Sanofi, qui en ont bénéficié beaucoup, ont fait des choix que l'on ne maîtrise pas. Et d'ailleurs, là, ils font le choix de supprimer 400 postes de chercheurs. Et pendant ce temps là, la recherche publique, tous les ans, voit ses moyens baisser. Aujourd'hui, c'est un peu plus de 2% du PIB quand c'est 3% par exemple en Allemagne. Un chercheur qui finit ses études au premier échelon en France, il touchera 1 500 euros net par mois quand c'est trois fois ce salaire-là dans d'autres pays. Et c'est pour ça que les cerveaux s'en vont. Sans compter qu'aujourd'hui, un chercheur français qui fait le choix de rester en France par patriotisme, il va passer la moitié de son temps à chercher des subventions alors que dans d'autres pays, les subventions sont présentes pour la recherche fondamentale.
Ne faudrait-il pas plus de transparence de la part des laboratoires ?
Mais c'est indispensable. Nous appelons, avec mes collègues députés et sénateurs communistes, mais aussi avec des chercheurs, à ce que les propriétaires des vaccins aujourd'hui Pfizer, AstraZeneca, Moderna mettent dans le domaine public les formules de ces vaccins pour que chaque pays, chaque continent, puisse les produire rapidement, aujourd'hui, sur toutes les chaînes de production de l'industrie pharmaceutique. Vous vous rendez compte qu'on est face à un virus mortel qui court sur toute la planète. Les vaccins ont été découverts et bravo pour les chercheurs qui ont fait ces découvertes, mais ces vaccins ne sont pas sur toutes les chaînes de production. Il y a encore la loi de l'offre et de la demande qui existe, alors qu'il y a une course pour soigner le plus de personnes possible.
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