Covid-19 : les autorités sanitaires recommandent aux hôpitaux d'échelonner la vaccination de leur personnel en raison des effets secondaires
Certains établissements ont dû annoncer une suspension temporaire de la vaccination avec le vaccin AstraZeneca, car certains soignants et médecins souffraient ensuite de symptômes intenses, au risque de désorganiser les effectifs.
Des effets secondaires étaient attendus, mais ils s’avèrent un peu plus intenses que prévu. Plusieurs établissements hospitaliers ont annoncé une brève suspension de la vaccination de membres de leur personnel avec le vaccin d'AstraZeneca, jeudi 11 février, en raison de réactions de forte intensité comme des maux de tête, de la fièvre ou des courbatures. Comme le CHRU de Brest (Finistère), l'hôpital Mémorial de Saint-Lô (Manche) a décidé de faire une pause temporaire en raison d'une trop forte proportion de personnes "qui n'étaient pas bien", explique l'établissement à France 3 Normandie. "Cela nous met en difficulté quand on a des équipes entières qui sont vaccinées le même jour et qu'on a 15% de l'équipe qui a des symptômes post-vaccin".
Ces décisions ont été prises alors que se tenait jeudi le premier comité de suivi de pharmacovigilance consacré au vaccin d'AstraZeneca, utilisé en France depuis le 6 février. L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) dit avoir enregistré 149 déclarations entre samedi et mercredi soir, sur un total de 10 000 personnes vaccinées.
"Clouées au lit à cause de la fièvre"
En résumé, ce n'est pas la fréquence des symptômes pseudo-grippaux qui a surpris les professionnels, pas plus que leur durée. Dans la plupart des cas, ces symptômes bénins, bien connus et documentés, disparaissent dans les 24 heures. Par ailleurs, AstraZeneca "annonçait 12 à 15% d'effets secondaires sur cette vaccination", rappelle l'hôpital de Saint-Lô, ce qui est conforme à ce qui est observé. En revanche, l'intensité des symptômes est plus importante qu'attendu. Ainsi, "certains témoignages remontés par les CRPV citent des personnes clouées au lit à cause de la fièvre", explique l'ANSM à franceinfo.
"On a l’habitude de voir des symptômes pseudo-grippaux avec différents vaccins. Ici, l’attention est davantage portée sur leur l’intensité."
Agence nationale de sécurité du médicamentà franceinfo
Par ailleurs, la plupart des cas ont été signalés chez des professionnels âgés en moyenne de 34 ans, ce qui va nécessiter de futures investigations plus poussées dans le cadre de la pharmacovigilance. "Est-ce que c'est quelque chose de transitoire et de non significatif ou est-ce que c'est un signal un peu plus fort ? C'est un signal, et tout signal doit être pris au sérieux, analysé", a déclaré sur franceinfo Alain Fischer, président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale.
Afin de ne pas désorganiser des services déjà sous tension, l'ANSM recommande donc aux établissements d'échelonner les vaccinations dans les services. L'objectif est d'éviter des "trous d'air" passagers dans les effectifs : les équipes peuvent vite être désorganisées si le nombre d'arrêts maladie, même courts, est important. "On avait vacciné tous nos kinés et, du coup, on n'avait que la moitié de l'équipe aujourd'hui", explique l'hôpital de Saint-Lô. En cas de fièvres et de douleurs, l'ANSM recommande de privilégier l'utilisation du paracétamol, le moins possible et le moins longtemps possible.
Echelonner les vaccinations
Certains hôpitaux avaient pris les devants. A Rouen (Seine-Maritime), des discussions préalables avec l'ARS avaient déjà permis de souligner l'importance d'une vaccination progressive au sein même des services. Hier, seule une vingtaine de personnes ont été vaccinées dans les services de réanimation, sur un effectif d'une centaine. "Ce matin, une cadre de réa avait 38,5°C de fièvre, mais elle est venue travailler car elle avait trop de travail", explique l'établissement à franceinfo. "Quelques-uns des vaccinés ont donc eu de la fièvre, et on décompte un ou deux arrêts maladie." Et si toutes les personnes vaccinées, fort heureusement, ne développent pas de la fièvre, "plus on vaccine d’un coup dans un service", plus le risque est grand.
Les lots des vaccins distribués en Europe font actuellement l'objet d'un double contrôle : un premier par le fabricant et un second par un laboratoire indépendant – l'équivalent allemand de l'ANSM, par exemple, dans le cas du vaccin de Pfizer-BioNTech. L'objectif est de vérifier la stabilité du produit et la concentration des doses, mais aussi de mener une revue critique des analyses du fabricant. S'il est jugé conforme, le lot est alors distribué dans tous les pays membres.
En l'occurrence, l'ANSM relève que le lot de vaccins AstraZeneca utilisé pour vacciner les soignants en France a été distribué dans 21 autres pays de l'UE, sans entraîner de "déclarations équivalentes". Mais au "regard notamment de l’intensité de ces effets" chez les soignants, l'information a tout de même été remontée à l'Agence européenne des médicaments (AEM).
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