Covid-19 : la France refuse-t-elle le vaccin russe "par idéologie", comme le disent certains élus ?
Des élus de gauche comme de droite appellent à utiliser ce sérum, dont l'efficacité est en ce moment évaluée par l'Agence européenne des médicaments. La France et l'Union européenne n'ont pas fermé la porte à son utilisation.
Alors que le vaccin AstraZeneca est temporairement suspendu, plusieurs élus de gauche comme de droite estiment qu'il faudrait utiliser le vaccin Spoutnik V produit par la Russie. Le maire Les républicains de Nice, Christian Estrosi, a déclaré sur Cnews que "48 pays dans le monde l'utilisent, pourquoi s'en priver ?" "Il ne faut pas faire d’idéologie sanitaire", a jugé sur France Inter lundi 15 mars Jean-Luc Mélenchon, député de La France insoumise. La France et l'UE se privent-elles d'un vaccin par idéologie ? C'est faux et la cellule Vrai du faux vous explique.
"Tous les vaccins sont les bienvenus"
Si l'on en croit les dernières déclarations à Paris, Berlin ou Bruxelles, on ne peut pas dire que le vaccin russe est écarté. "Tous les vaccins sont les bienvenus dès qu'ils sont validés", a estimé en février Clément Beaune, secrétaire d'État chargé des Affaires européennes. La chancelière allemande, Angela Merkel, a tenu des propos similaires. Le chef de la diplomatie européenne a même été plus loin en jugeant que Spoutnik V est "une bonne nouvelle pour l'humanité".
Depuis le début du mois de mars, l'Agence européenne des médicaments a même démarré l'examen de Spoutnik V, étape cruciale avant un possible feu vert pour son utilisation en Europe. On ne peut donc pas dire que la porte est fermée même si ce vaccin a souffert au début d'une mauvaise image, notamment parce que Moscou donnait peu d'informations. Depuis, sa fiabilité, estimée à 92%, a été validée par la revue scientifique The Lancet.
Christian Estrosi est d'ailleurs dans le vrai lorsqu'il dit que 48 pays utilisent ce vaccin. La plupart sont des pays d'Amérique latine, du Moyen-Orient ou encore d'Afrique mais pas seulement, puisqu'au sein de l'Union européenne, la Hongrie l'a aussi autorisé.
Pas de vaccin russe dans l'immédiat en Europe
Pour autant, l'Union européenne n'aura probablement pas rapidement des doses de Spoutnik V. La Russie a proposé de livrer 50 millions de doses en Europe à partir du mois de juin, ce qui est peu pour un vaccin qui nécessite deux injections. Une production au sein de l'UE serait possible. L'italie est candidate et compte produire dix millions de doses entre le 1er juillet et le 1er janvier 2022.
Concernant la France, ce sera plus compliqué. Des contacts ont eu lieu avec Moscou mais pour l'instant aucun site dans l'hexagone ne peut prendre en charge cette production. Paris préfère se concentrer sur les vaccins déjà validés, comme celui de Pfizer.
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