Covid-19 : "Il faut vacciner tous les soignants dans les plus brefs délais", pour la confédération des syndicats médicaux français
Pour Jean-Paul Ortiz, les médecins de ville doivent "donner l'exemple le plus vite possible" pour contrer le manque de confiance de certains Français.
"Il faut vacciner tous les soignants dans les plus brefs délais", y compris les médecins de ville, a déclaré dimanche 3 janvier sur franceinfo Jean-Paul Ortiz, président de la confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Conformément à ce que demande l'Ordre des médecins, il appelle à ouvrir la vaccination contre le Covid-19 aux médecins libéraux dès lundi, comme cela sera le cas pour les personnels hospitaliers de plus de 50 ans.
franceinfo : Pensez-vous que les médecins de ville doivent se faire vacciner rapidement ?
Jean-Paul Ortiz : Bien sûr, j'ai déjà appelé samedi sur Twitter tous les médecins et les médecins libéraux à se faire vacciner dans les plus brefs délais, dès qu'ils le peuvent. Pour deux raisons : les patients ont besoin que leurs soignants eux-mêmes ne soient pas atteints du Covid-19, ils pourraient en être les transmetteurs, mais surtout, les Français ont un manque de confiance vis-à-vis de la vaccination. Il nous faut donner l'exemple le plus vite possible, parce qu'aujourd'hui, les Français se posent des questions et il faut que leurs soignants montrent qu'ils ont confiance en cette vaccination, parce que les Français ont confiance en leur médecin, en leur infirmière, en leur pharmacien. Je crois que c'est un devoir éthique vis-à-vis de nos patients que de se faire vacciner dans les plus brefs délais et ainsi de les entraîner à le faire eux-mêmes.
La vaccination des soignants de plus de 50 ans, qui devait intervenir initialement à la fin de janvier, a été avancée, mais cela concerne surtout les personnels en milieu hospitalier. Fin janvier, ce serait trop tard pour les médecins de ville ?
Bien sûr. Il n'y a pas des soignants de l'hôpital et des soignants de ville. Il y a simplement des médecins qui s'occupent des patients, quel que soit l'endroit où ils résident, quel que soit l'endroit où ils sont et en général, quand quelqu'un est malade, le premier réflexe, c'est d'aller voir son médecin généraliste, son médecin traitant ou son médecin spécialiste de ville. Donc, il faut vacciner tous les soignants dans les plus brefs délais, parce que c'est comme ça qu'on donnera confiance aux Français.
Je n'ai pas une consultation aujourd'hui qui ne se termine par deux questions. La première : "docteur, qu'est-ce que vous pensez de la vaccination, est ce qu'elle est sûre ?" Et deuxièmement : "docteur, est-ce que vous allez vous vacciner ?" Je crois qu'il faut tenir compte de ces interrogations. Oui, nous devons donner l'exemple et nous devons le dire largement, y compris dans les médias. Moi, j'appelle vraiment tous les médecins à s'engager fortement dans cette vaccination.
Un groupe de 30 citoyens tirés au sort va pouvoir interpeller le gouvernement. Est-ce une bonne chose pour relayer ces interrogations ?
Oui, je crois que c'est bien qu'il y ait un groupe de citoyens qui puisse poser ces questions-là. Mais franchement, il y a urgence. Chaque journée perdue est une journée perdue pour des patients malades, pour des patients qui risquent de se contaminer, pour notre économie, pour notre personnel, il faut aller très vite et accélérer le mouvement. C'est bien qu'il y ait un groupe citoyen, parce que ça sécurisera. Les Français auront ainsi, on peut l'espérer, un peu plus confiance, mais il faut aller vite maintenant, regardons ce qui se fait dans les autres pays européens. J'appelle le ministre de la Santé et l'ensemble de nos responsables politiques à mettre le pied sur l'accélérateur et nous sommes, nous médecins, prêts à nous engager dans cette bataille.
Ce temps perdu est notamment dû à une stratégie précise : une première consultation pour informer et recueillir le consentement avant l'injection. Vous pensez qu'on pourrait vacciner dès la première consultation ?
Non, pas du tout. On peut tout à fait faire une consultation, recueillir le consentement et vacciner dans la foulée ou le lendemain même. Tenons compte d'une contrainte, qui est celle d'une conservation du vaccin Pfizer, qui est le seul que nous avons pour l'instant, à très basse température, à moins 80 degrés. Donc ça, c'est quand même pas très simple à gérer. Une fois qu'il est décongelé, on n'a grosso modo que quatre jours pour vacciner. Une fois que l'on a tenu compte de ça, on peut organiser des vaccinations regroupées dans des cabinets, dans des maisons de santé pluri-professionnelles, dans des structures que les médecins libéraux sont prêts à organiser dans les territoires, de façon à contourner cette difficulté de ce vaccin qui se conserve à basse température.
Mais Il faut absolument que la logistique soit mise au service de cette vaccination rapidement et le recueil du consentement est fondamental parce que sinon, les Français auront l'impression qu'on leur force la main. Et moi, je veux jouer la confiance, la pédagogie et l'explication et ne pas forcer la main des Français parce qu'ils ont une certaine méfiance. C'est une donnée qui est propre à notre pays, on est obligé d'en tenir compte.
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