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Covid-19 : "Il est très prévisible" que la présence du variant anglais "continue à augmenter", affirme un spécialiste de l'Institut Pasteur

En comparant avec des pays dans lesquels le variant anglais a commencé à circuler plus tôt comme au Danemark, on constate que les cas continuent à augmenter "malgré des restrictions sévères". Pour l'heure, la protection vaccinale reste efficace, même contre cette mutation.

Article rédigé par franceinfo
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Un échantillon de la mutation E484K du variant anglais du coronavirus, 1er février 2021 (illustration). (ANDREAS ARNOLD / DPA / MAXPPP)

"Il est très, très prévisible" que le pourcentage (actuellement estimé à 14%) de variant anglais "continue à augmenter", a déclaré jeudi 3 février sur franceinfo Étienne Simon-Lorière, responsable du laboratoire génomique évolutive des virus à ARN à l'Institut Pasteur. Il réagissait aux résultats provisoires de l'enquête flash du 27 janvier, détectant le virus anglais dans près de 14% des tests positifs. Étienne Simon-Lorière juge par ailleurs préoccupante la mutation E484K que ce variant anglais est en train d'acquérir, mais il se montre rassurant sur l'efficacité des vaccins actuels : "On commence à mettre en place des moyens de mettre rapidement à jour les vaccins" pour qu'ils puissent reconnaître les mutations de variant.

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franceinfo : Ce chiffre, un taux de pénétration du variant anglais de près de 14%, était-il prévisible et est-il inquiétant ?

Étienne Simon-Lorière : Il était largement prévisible. Il est inquiétant dans le sens où, malheureusement, ce variant se transmet plus efficacement. Et donc, le risque, c'est que chaque personne infectée risque de transmettre plus facilement à un peu plus de personnes que quand c'est le cas du variant classique. Et ça, c'est un problème parce que ça va risquer d'augmenter la circulation du virus. On se base sur l'évolution de la circulation dans d'autres pays pour lesquels ce transfert a commencé plus tôt, notamment par exemple le Danemark. Et on voit que cette augmentation, malgré des restrictions sévères, continue à se faire. Le virus continue à se diffuser et donc il est très, très prévisible que ce pourcentage continue à augmenter.

Comment peut-on expliquer les disparités régionales : environ 20% en Île-de-France ou en Bretagne, et seulement 10% en Auvergne-Rhône-Alpes ?

Jusqu'ici on imagine que c'est lié directement au nombre d'introduction, donc le jeu du hasard qui a fait que des voyageurs sont arrivés avec ce variant dans les différentes régions et ont amené, ou non dans certains cas, à débuter des chaînes de transmission locale.

La mutation qu'est en train d'acquérir ce variant anglais E484K est-elle préoccupante ?

Évidemment. C'est quelque chose qui a interpellé tout de suite, puisque c'est une mutation qui est associée à un échappement potentiel à la réponse immunitaire. Heureusement il n'est pas suffisant pour prévenir l'efficacité des vaccins, mais il montre que le virus peut par hasard tomber sur cette combinaison de changements qui commence à agir sur la réponse immunitaire.

"C'est pour cela que beaucoup de choses sont mises en place maintenant pour commencer à anticiper des variants futurs qui pourraient arriver ou dériver de ceux-ci et qui pourraient, eux, devenir plus problématiques."

Étienne Simon-Lorière, responsable du laboratoire génomique évolutive des virus à ARN à l'Institut Pasteur

à franceinfo

On commence à mettre en place des moyens de mettre rapidement à jour les vaccins. On commence à cloner donc à reproduire ces nouvelles séquences dans des tubes à essai.

Il n'y a donc pas d'inquiétude sur l'efficacité des vaccins qui existent déjà contre le coronavirus ?

Oui pour l'instant, c'est très encourageant. On voit quand même une réduction du pouvoir neutralisant dans le tube à essai. Quand on met le virus en contact avec les anticorps de personnes qui sont vaccinées, c'est un peu plus prononcé pour les gens qui ont été immunisés par exposition naturelle au virus. Mais bon, pour les vaccins, il y a un taux d'anticorps qui est tellement haut, tellement fort que même avec une réduction d'un facteur 6, par exemple, on est toujours largement rassuré sur le fait que ça sera efficace.

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