"Une situation spéciale appelle une mesure spéciale" : les conservateurs allemands convertis au plan de relance européen
Les dirigeants des 27 États européens se retrouvent aujourd'hui pour un sommet crucial pour la relance économique de l'Union. Angela Merkel va devoir convaincre les quatre "frugaux" (Pays-Bas, Suède, Danemark et Autriche) d'approuver le plan d'aide de 750 milliards d'euros.
C'est un sommet majeur qui débute à Bruxelles ce vendredi 17 juillet. Les dirigeants des 27 Etats européens se retrouvent en face-à-face pour la première mois depuis le mois de février. Le plan de relance de 750 milliards d'euros pour faire face aux conséquences économiques de la pandémie de coronavirus se retrouve au cœur des discussions, qui pourraient être longues.
Pour la chancelière allemande Angela Merkel, qui officie en tant que présidente de l’Union Européenne ces six prochains mois, "l’Europe est à la croisée des chemins". Elle s'est pourtant montrée sceptique en début de semaine, sur la possibilité de trouver un accord dans le week-end, même si "ce serait une bonne chose pour l’Europe" ,d'après elle. Angela Merkel a surtout la charge de convaincre les quatre pays dits "frugaux" (Pays-Bas, Suède, Danemark et Autriche) d'approuver ce plan. Des pays aux côtés desquels l’Allemagne s’est pourtant longtemps trouvée, tenant la ligne de la sobriété et de l'austerité budgétaire en Europe.
"Une évolution, pas une révolution"
Mais chez les conservateurs CDU et CSU, le parti d’Angela Merkel et son allié bavarois, un dogme est tombé sur ces questions. "C'est une évolution, pas une révolution, estime Andreas Jung, vice-président du groupe CDU-CSU au Bundestag à Berlin. Nous avons fait un pas. C’est sûr que ça a donné lieu à des discussions très intenses entre nous. Mais maintenant une large majorité du groupe soutient cette initiative. Fondamentalement, nous partageons toujours les considérations des quatre pays dits 'frugaux' mais nous disons qu’une situation spéciale appelle une mesure spéciale".
Lui et les autres conservateurs allemands plaident pourtant toujours pour une plus grande responsabilité budgétaire, comme la plupart des milieux patronaux en Europe. Eux aussi ont évolué sur la question de la mutualisation des dettes. Ils estiment pourtant qu'en échange de l’argent distribué, des contrôles doivent être appliqués. Joachim Lang, le patron des patrons allemands à la tête du BDI, "vous devez vous assurer que les fonds sont utilisés comme cela a été prévu. En cela, nous partageons l’avis des quatre 'frugaux'. Ils marquent un point".
Il ne faudrait pas, au prétexte de la crise que nous vivons, utiliser ces subventions pour régler de vieilles dettes
Joachim Langà franceinfo
Si la donne a changé, c'est aussi désormais parce qu'il en va désormais des propres intérêts allemands. La prise de conscience récente d'Angela Merkel de l’intérêt du marché unique européen a permis d’entrainer derrière elle sa majorité et l’opinion publique allemande.
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