Covid-19 : un rapport de l'Inspection du travail conclut à "un risque d'exposition" à bord des TGV, révèle Mediapart
Le site d'investigation publie un rapport adressé à la direction de la SNCF en mai par l'Inspection du travail, après des relevés de CO2 réalisés dans un TGV. Selon l'autorité de contrôle, le renouvellement insuffisant de l'air entraîne un risque accru de contamination. La SNCF, elle, dit appliquer la réglementation en vigueur.
Les passagers des TGV ont-ils des raisons de s'inquiéter ? Quelques jours après la présentation des nouveaux tarifs de la SNCF, un rapport de l'Inspection du travail dévoilé par Mediapart (article réservé aux abonnés) jeudi 3 juin, sème le doute sur le risque de transmission du Covid-19 à bord des trains.
Ce document, envoyé par la Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités du Rhône à la direction de la SNCF le 21 mai, dévoile les résultats de contrôles du niveau de CO2 dans l'air réalisés par des agents de l'Inspection du travail sur la ligne à grande vitesse Lyon-Montpellier dans un train circulant le 12 mai 2021. A l'origine de ce contrôle, un droit d'alerte des élus SUD Rail au Comité social et économique (CSE) de l'entreprise en avril, après qu'eux-mêmes ont constaté des niveaux de CO2 indiquant un faible renouvellement de l'air à bord des trains, et donc un risque plus important d'une contamination au Sars-CoV-2 par aérosol, écrit le site d'information.
"Un risque d'exposition des agents à bord (et des clients)"
Les agents de l'Inspection du travail ont installé à bord de deux voitures différentes d'une même rame des appareils de mesure du CO2 afin d'évaluer la concentration de dioxyde de carbone dans l'air durant le trajet. Dans un avis du 28 avril, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) recommande aux établissements recevant du public de "mettre en œuvre des actions d'aération et d'assurer le bon fonctionnement de la ventilation lorsque la concentration dépasse 800 ppm [parties par million] en CO2". En extérieur, celle-ci est de 400 ppm environ.
Selon les contrôles réalisés par l'Inspection du travail, cette concentration était en moyenne de 1 380 ppm et de 1 000 ppm, selon la voiture, sur l'ensemble du trajet du TGV, avec des pics à 4 200 ppm et 3 000 ppm. Par ailleurs, les valeurs mesurées étaient systématiquement supérieures à 800 ppm sur toute la durée du trajet, décrit l'Inspection du travail. Cette dernière conclut donc à "un risque d'exposition des agents à bord (et des clients) au virus Sars-CoV-2 en l'absence de mesures effectives permettant le respect des gestes barrières ainsi que d'assurer un renouvellement de l'air efficace". Elle demande à la direction de l'entreprise les "mesures de prévention" qu'elle compte mettre en place à compter du 9 juin et de la reprise de la restauration à bord des trains, qui signifie que le masque ne sera pas porté en continu par les voyageurs.
La SNCF "applique la règlementation en vigueur"
Contactée par Mediapart et franceinfo, la SNCF réplique que "les recommandations du Haut Conseil de la santé publique d'un seuil de taux de CO2 de 800 ppm ne concernent pas le transport ferroviaire mais ne visent que les seuls établissements recevant du public (ERP) non ventilés". Elle assure en revanche "appliquer (...) la réglementation en vigueur dans le transport ferroviaire", qui n'a pas évolué avec la pandémie, et qui fixe le niveau maximum de CO2 dans l'air à 5 000 ppm. La SNCF souligne que "la sécurité dans les trains est par ailleurs assurée par le port du masque" et que tous font "l'objet d'une désinfection au moins quotidienne". Enfin, elle rappelle que l'étude ComCor menée par l'Institut Pasteur et parue en mars n'a pas conclu à un sur-risque d'infection dans les transports en commun.
De son côté, Mediapart affirme que l'air neuf ne constitue que "40% de l'air respiré dans les TGV", les 60% restants étant de l'air recyclé. Or, les filtres utilisés par la SNCF sont des filtres gravimétriques et non HEPA (High Efficiency Particulate Air), qui sont les seuls à assurer un recyclage de l'air sans laisser passer des particules aussi petites que les virus, et que recommande le HCSP.
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