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Tribune "Députés, ne signez pas de chèque en blanc aux grands pollueurs" : des ONG appellent à ne pas verser d'aides aux entreprises sans contrepartie environnementale

Greenpeace, Les Amis de la Terre et Oxfam s'insurgent contre l'augmentation de 20 milliards d'euros de participation de l'Etat, dans le cadre du budget rectificatif, à des entreprises œuvrant dans les secteurs aérien, automobile ou pétrolier.

Article rédigé par franceinfo
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Des avions immobilisés à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle (Val-d'Oise), pendant le confinement visant à freiner la propagation du Covid-19, le 24 mars 2020.  (THOMAS SAMSON / AFP)

Le projet de budget rectificatif, discuté vendredi 17 avril à l'Assemblée nationale, doit permettre de soutenir l'économie du pays, avec une série de mesures d'urgence. Parmi les dispositions de ce plan de 110 milliards d'euros, l'Etat prévoit 20 milliards d'euros pour soutenir les entreprises en difficulté face à la tempête économique provoquée par l'épidémie de coronavirus. Les associations écologistes Greenpeace, Les Amis de la Terre et Oxfam dénoncent le fait que cette aide ne soit pas accordée en échange d'une contrepartie environnementale, alors qu'elle sera versée à des groupes œuvrant dans des secteurs pourtant très polluants.

Ces ONG, qui rappellent que l'Assemblée nationale a voté en juin 2019 "l'urgence écologique et climatique", demandent que le soutien de l'Etat soit soumis à une obligation de réduction d'émissions de gaz à effet de serre, alignée avec les objectifs de l'accord de Paris, mais aussi un meilleur encadrement des dividendes et une limitation stricte des hauts salaires. Elles s'expriment ici librement.


Le budget rectificatif 2020 est voté en ce moment à l'Assemblée nationale. Il met à disposition 20 milliards d'euros pour le sauvetage de grandes entreprises dites "stratégiques", dans les secteurs aérien, automobile ou pétrolier. Proposer 20 milliards d'euros sans aucune garantie de protection du climat est une aberration. Pour Les Amis de la Terre France, Greenpeace France et Oxfam France, le versement de ces aides publiques ne peut renflouer des entreprises polluantes qui contribuent fortement au dérèglement climatique.

Le sauvetage inconditionnel d'entreprises responsables de l'urgence climatique est tout simplement dangereux pour l'avenir des populations. En choisissant cette réponse à la crise économique, le gouvernement ne prend toujours pas au sérieux la question écologique, pourtant centrale dans la construction du "monde d'après". Alors qu'il est en position d'imposer des transformations fortes aux secteurs qu'il renfloue, le gouvernement choisit la voie du "business as usual", comme si l'urgence climatique n'existait pas. Pire, il se sert de cette crise sanitaire pour blanchir son alliance indéfectible avec les lobbies, au moment où les citoyen-nes réclament, au contraire, une société résiliente et des lendemains tournés vers l'intérêt général.

Pas un euro d'argent public ne doit être versé aux entreprises polluantes sans exiger de stratégie de réorientation massive de leurs activités et de transition juste pour leurs salariés.

Les signataires de la tribune

Soutenir à bout de bras et sans condition des multinationales qui devront de toute façon se transformer, c'est rendre leurs salariés encore plus vulnérables aux prochaines crises. 

Hier, un amendement déposé par Matthieu Orphelin, député du Maine-et-Loire, et 10 autres député-es, demandant de conditionner l'augmentation des participations de l'Etat dans de grandes entreprises à la mise en place d'une stratégie interne de réduction de leur empreinte écologique, a été rejeté en commission des finances.

A contrario, les député-es de la majorité se sont largement ralliés à un amendement défendu par Bérangère Abba qui demande simplement aux entreprises concernées… de respecter leur propre politique RSE (responsabilité sociale et environnementale de l'entreprise).

Les textes relevant de la RSE ne contraignent nullement les entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Les signataires de la tribune

Appliquer des textes en vigueur, par ailleurs obsolètes et se résumant bien souvent à du greenwashing, ne saurait constituer une garantie pour transformer en profondeur le modèle économique des entreprises soutenues. Ce contre-feu ne saurait blanchir les cadeaux inouïs qui pourraient être consentis aux grandes entreprises polluantes.

Rebâtir un monde plus soucieux de l'environnement

Nous demandons aux député-es qui affirment préparer "le Jour d'après" de prendre des mesures qui profitent réellement aux plus vulnérables, non plus à une minorité privilégiée. Pour cela, le soutien de l'Etat doit avoir pour seuls objectifs le maintien de l'emploi et la transition écologique. 

Etre responsable face à la crise du coronavirus, c'est rebâtir un monde plus égalitaire et plus soucieux de l'environnement, dans lequel l'Etat conditionne les aides aux grandes entreprises à des mesures visant à protéger les plus vulnérables et à investir dans la transition écologique. C'est pourquoi toute montée au capital de l'Etat dans une entreprise devrait être soumise à une obligation de réduction d'émissions de gaz à effet de serre alignée avec les objectifs de l'accord de Paris, à l'encadrement de dividendes et à une limitation stricte des hauts salaires.

Comment accepter aujourd'hui que l'on fasse un chèque en blanc à des entreprises qui nous amènent dans le mur ?

Les signataires de la tribune

Nous attendons une démonstration de courage politique des député-es aujourd'hui en séance : si vous souhaitez vraiment préparer le monde d'après et tirer les leçons de cette crise sanitaire, ne cédez pas au chantage des lobbies !

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