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"Tout le monde n'a pas un ordinateur par membre de la famille" : des élus marcheurs pointent des fractures sociales renforcées par le confinement

Le Premier ministre Edouard Philippe a demandé aux élus de la majorité de lui faire remonter les inégalités et disparités induites par le confinement.

Article rédigé par franceinfo, Simon Le Baron
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des personnes à leurs fenêtres, la nuit, pendant le confinement.  (MARTIN BUREAU / AFP)

Le constat fait par des élus marcheurs rejoint les conclusions de l'enquête Odoxa-CGI pour franceinfo et France Bleu : les Français ne vivent pas de la même manière le confinement selon leur milieu social et l’endroit où ils habitent. La première ligne de fracture réside dans l’accès au numérique : "Dans des zones rurales, il y a des problèmes récurrents de connexion, et puis pour les familles modestes, il y a le problème de l'accès au matériel informatique", décrit la députée des Yvelines Marie Lebec. A l’heure du télétravail et des cours à la maison, ces disparités engendrent inévitablement des inégalités. "Tout le monde n'a pas un ordinateur par membre de la famille pour que chacun puisse travailler et suivre les cours", constate Marie Lebec.

Une difficulté rajoutée aux difficultés

Au-delà des inégalités d'accès au numérique, les personnes qui souffrent le plus du confinement sont celles et ceux qui étaient déjà les plus défavorisées selon le député Bruno Questel. "Ce sont des personnes qui étaient déjà en difficulté sociale, en difficulté personnelle, soit pour des questions d'emploi, soit pour des questions de dépendance à tel ou tel produit, notamment l'alcool. Ce sont des personnes qui étaient déjà en marge de la société", affirme l'élu LREM de l'Eure.

Le monde paysan en souffrance

La fracture territoriale est, elle aussi, accentuée par le coronavirus selon le constat fait sur son territoire par le député des Deux-Sèvres Guillaume Chiche. "Certains territoires vivent d'une activité paysanne, c'est le cas dans les Deux-Sèvres, notamment au travers de la consommation de chevreaux qu'on exporte beaucoup vers l'Italie notamment pour les fêtes de Pâques. Le confinement déstabilise donc mon territoire d'un point de vue économique dans le monde agricole", analyse l'élu macroniste qui veut alerter le gouvernement sur la souffrance du monde rural.

La fracture centre-ville/périphérie à nouveau mise en relief

Le mouvement des "gilets jaunes" avait déjà mis en lumière les oppositions villes/campagnes et centre-villes / périphéries, la crise du coronavirus le fait à son tour. "A Toulouse comme dans d'autres métropoles, vous avez des quartiers dits en difficulté où le confinement est plus difficile à faire respecter", explique la députée de Haute-Garonne Monique Iborra. "On peut aussi avoir des choses qui sont complètement différentes à l'intérieur même d'un département et qu'il nous faut traiter", poursuit-elle.

Tout l’enjeu pour l’exécutif, est donc de savoir répondre à ces inégalités, "sinon on perdra la confiance des Français, les consignes seront moins bien respectées, et on laissera se propager le virus", assure un marcheur.

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