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Vidéo "Tout ce que je produis là, ça va avoir un retour positif" : un jeune maraîcher en permaculture invite à repenser nos modèles agricoles après la crise sanitaire

Laurent Thierry a tout plaqué il y a trois ans pour devenir maraîcher en permaculture en Haute-Savoie. La crise sanitaire actuelle le questionne sur notre dépendance alimentaire et la manière dont nous nous nous alimenterons après le confinement. Une de ces initiatives qui font la France des solutions.

Article rédigé par Benjamin Mathieu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
 

"C’est le chantonnement des oignons dans la paille", s’amuse Laurent Thierry, agriculteur poète, en plantant tranquillement ses oignons et en contemplant les montagnes qui l’entourent, alors que la France est confinée pour cause de coronavirus.. "Moi je vis à mon rythme, sourit-il. Je me dis que tout ce que je produis là, ça va avoir un retour positif, c’est certain !"

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Ce jeune maraîcher de 34 ans exerce en Haute-Savoie, à Doussard, tout au bout du lac d'Annecy. Agriculteur en permaculture, il a complètement changé de vie. Depuis trois ans, grâce à l'aide de la communauté de communes qui lui fournit le terrain, cet ancien technicien travaillant dans un bureau d'études a tout plaqué pour cultiver des légumes en permaculture, avec un principe simple : "Produire plus durablement, explique-t-il, c'est-à-dire avec un plus grand soin de la nature, mais aussi en cherchant à toujours produire le maximum au mètre carré."

La région n'est pas autonone alimentairement

Avec sa casquette de révolutionnaire cubain et sa barbe mal taillée, Laurent Thierry, pourrait passer pour la caricature du "baba cool-bobo" adepte des circuits courts. Mais son discours est très ancré dans la réalité : "On a plus 200 000 personnes sur le grand Annecy et moins de 2% d’autonomie alimentaire, tous aliments confondus, indique-t-il. Donc, demain, si l’approvisionnement était coupé, on ne pourrait nourrir que 20 000 personnes…"

Nous sommes dans un territoire particulier qui a promu depuis longtemps tout ce qui est laitier, mais on ne peut pas se nourrir exclusivement de Reblochon !

Laurent Thierry

à franceinfo

Il faut donc, selon lui, repenser notre modèle agricole, avec plus de petites exploitations comme la sienne. Il gagne 650 euros par mois : c'est peu, mais c'est le revenu d'un quart des agriculteurs français, avec une petite différence : "Je suis dans leur situation, mais je n’ai pas de dettes !"

Loin de s'opposer à l'agriculture conventionnelle, le permaculteur revendique le dialogue comme arme de changement massif : "Il faut prendre le temps de parler, pour faire sauter tous ces clichés, ces barrières que l’on peut avoir entre nous et qui sont, non pas un virus comme le coronavirus, mais un virus de concept !" À la force de ses deux mains, Laurent Thierry nourrit une quarantaine de familles avec ses légumes.

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