Stations de ski ouvertes en Suisse mais pas en France : "Au recto le domaine suisse sera ouvert et au verso il sera fermé" côté français, s'agace le maire de Châtel
Le maire explique sur franceinfo lundi qu'il a décidé de pavoiser sa mairie aux couleurs de la Suisse pour dénoncer l'interdiction de skier en France en ce mois de décembre, à cause de l'épidémie de coronavirus.
"Au recto le domaine suisse sera ouvert et au verso il sera fermé" côté français, s'agace ce lundi sur franceinfo le maire de Châtel Nicolas Rubin, une commune de Haute-Savoie qui accueille une partie du domaine skiable des Portes du soleil, à cheval avec la Suisse. "On a fait des propositions de protocole sanitaire draconien pour accueillir la population, mais on n'est pas très entendu", dénonce le maire qui a décidé de pavoiser sa mairie aux couleurs de la Suisse pour dénoncer l'interdiction de skier en France en ce mois de décembre, à cause de l'épidémie de coronavirus covid-19.
franceinfo : Des drapeaux suisses pavoisent votre mairie. Vous demandez un changement de nationalité pour votre commune ?
Nicolas Rubin : Pas tout à fait, c'est plutôt une manifestation pacifiste à l'endroit du gouvernement et du chef de l'Etat pour rappeler la situation des domaines skiables et de la destination touristique montagne qui emploie 120 000 personnes tout au long de la saison et qui est une activité économique importante, et procure à la fois du bien-être mental et du bien-être social. On se situe sur le domaine des Portes du soleil : au recto, le domaine suisse sera ouvert et au verso, il sera fermé avec les contraintes que ça va occasionner. On peut se demander comment se fait-il que d'un côté et de l'autre, à quelques mètres d'une frontière virtuelle, on puisse avoir deux positionnements différents, si bien que nous soutenons évidemment, l'ouverture des domaines skiables avec l'ensemble des professionnels associés de la montagne.
Aujourd'hui, vous préféreriez être suisse que Français ?
Il y a eu une réflexion sur les territoires helvétiques, notamment dans le canton du Valais qui a associé les élus et les professionnels de la montagne et avec les professionnels de santé, ils ont défini que l'ouverture pouvait être possible. Alors tout peut évidemment évoluer en termes de santé publique. Mais ils ont donné un signal à l'endroit de notre clientèle, qu'elle soit étrangère ou française. On sait qu'aujourd'hui, le gouvernement français se base sur des calculs et des analyses d'une saison normale. Or, cette saison-là ne sera pas normale. On annonce entre moins 30 et moins 50% de fréquentation de notre clientèle étrangère. Les Français ne seront peut-être pas non plus au rendez-vous autant que d'habitude. Donc, quand on se base sur des chiffres et des fondations qui sont instables, on en arrive évidemment à une décision qui est mal comprise des territoires de montagne. Et on s'accorde tous à dire qu'il nous faut remettre les gens autour de la table, ce qui a eu lieu ce matin. Mais apparemment, il n'y a pas grand chose qui en est sorti.
Concrètement les skieurs vont pouvoir repérer de quel côté ils sont ? Ils ne risquent pas de se retrouver en France sans le savoir ?
On va devoir barriérer la montagne sur les sommets pour éviter que les clients qui skient en Suisse ne basculent en France. On va avoir des contraintes très, très difficiles à mettre en œuvre. On va peut-être avoir une aspiration de la clientèle située sur le territoire français vers la Suisse, sur un domaine réduit de deux tiers, en augmentant, je dirais la circulation des personnes. Il y a pas mal de choses qui sont illogiques dans cette décision.
Vous pointez également des problèmes de sécurité côté français...
Ouvrir la destination montagne sans ouvrir les remontées mécaniques, c'est un problème. Vous savez que les stations ont la charge de la sécurité de leur domaine skiable, mettent en place des solutions de secours avec des pisteurs secouristes, avec des hélicoptères privés qui interviennent sur un domaine pour porter assistance au public. Là, la montagne va être ouverte sans évidemment la possibilité de faire du ski, mais on n'empêchera pas les gens d'aller se promener en montagne et les services publics vont devoir gérer aussi des secours qui ne seront pas encadrés. Donc, il y a tous ces petits éléments qui sont 'backstage', derrière le rideau qu'on n'intègre pas à la décision. En tout cas, nous, en tant que maires de stations de montagne et communes supports de stations, on sait ce que c'est que l'organisation d'une station au quotidien. On a fait des propositions de protocole sanitaire draconien pour qu'on puisse accueillir la population, mais on n'est pas très entendus. On s'élève contre des décisions qui manquent un peu de concertation.
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