Coronavirus : la bataille européenne des stations de ski
L'Allemagne renforce ses restrictions à l'heure où le reste de l'Europe les allège. Et demande la fermeture des stations de ski partout en Europe.
Ils ont discuté, négocié pendant 7 heures mercredi 25 novembre Mais à la sortie, les 16 patrons de région et la chancelière allemande étaient parfaitement raccord : pas question de relâcher les efforts !
L'Allemagne vient d'enregistrer son pic historique, avec plus de 400 morts en 24 heures. Et le pays va bientôt franchir la barre symbolique du million de cas de contaminations.
À Berlin, comme dans une soixantaine de districts particulièrement touchés, le confinement partiel est donc maintenu jusqu'en janvier. Dans les magasins, c'est maximum un client pour 10m2, 20m2 quand la surface le permet (au-delà de 800m2). Partout les contacts doivent être limités (cinq personnes maximum pour les réunions privées – les moins de 14 ans ne sont pas concernés – avec relèvement de la jauge à 10 pour les fêtes de Noël). Pas de séjour au ski non plus. La chancelière demande à tous "de la patience, de la solidarité et de la discipline".
Berlin veut demander la fermeture des stations européennes
L'Allemagne va d'ailleurs officiellement demander à Bruxelles de recommander l'interdiction des séjours au ski au moins jusqu'au 10 janvier. Pas sûr que ça marche (ce n'est pas une compétence de la Commission). Même Angela Merkel en a douté hier : "Je vais être honnête avec vous, ce ne sera probablement pas facile, mais nous allons essayer".
Un sujet explosif avant les fêtes de Noël : l’Allemagne va demander à l’UE d’interdire jusqu’au 10 janvier les séjours de ski, sources de plusieurs foyers épidémiques l’hiver dernier, malgré l’opposition de l’Autriche et la colère des stations.https://t.co/NVxvXxMXMo
— EURACTIV France (@EURACTIV_FR) November 26, 2020
Une fermeture n'a de sens que si elle est collective : la Bavière, par exemple, a déjà annoncé qu'elle allait fermer ses stations. Mais elle n'a pas tellement envie de voir les skieurs allemands pousser jusqu'au au col suivant, de l'autre côté de la frontière, pour aller goûter la poudreuse autrichienne. Pour dissuader ceux qui seraient tentés d'aller voir chez la concurrence, le patron de la région, Markus Söder, a d'ailleurs rappelé qu'une quarantaine de 10 jours serait obligatoire à leur retour. Malgré la pression allemande, la coordination européenne va être difficile. Car si la France joue le jeu, tous les pays ne sont pas sur la même longueur d'onde.
Hésitations en Italie
En Italie, le président du Conseil ne veut pas voir de foule ski au pied - notamment dans les Dolomites et le Val d'Aoste, en zone rouge. Pour la journée de réouverture des stations, il y un mois, les autorités ont pris peur face aux images de 2 000 skieurs entassés devant les remontées mécaniques : trois jours plus tard, Giuseppe Conte annonçait par décret la fermeture de toutes les stations.
«Niente vacanze sulla neve a Natale. Non possiamo permetterci una terza ondata» https://t.co/lK6PgawmB6 pic.twitter.com/Qq7WIEttPb
— Corriere della Sera (@Corriere) November 23, 2020
"Affronter les fêtes à la neige sans restriction serait irresponsable" dit-il aujourd'hui. Mais les professionnels du secteur réclament l'ouverture et s'engagent à prendre des mesures sanitaire très strictes : capacité réduite de moitié dans les télécabines, quota de skieurs adapté domaine par domaine. La filière espère que les discussions vont avancer d’ici le 4 décembre, date à laquelle sera prise la décision officielle.
L'Autriche fait de la résistance
L'Autriche, qui s'apprête à se déconfiner début décembre, fait de la résistance elle aussi. Le secteur de la montagne représente dans le pays plus de 100 000 emplois (directs ou indirects). Une fermeture des stations, ce serait plus de 2 milliards d'euros de perte. Le ministre des finances a été très clair : s'il y a une fermeture européenne, c'est Bruxelles qui devra régler la facture.
Mais le gouvernement ne veut pas non plus se retrouver confronté à des clusters géants comme l'a été la station d'Ischgl en début d'année.
Les irréductibles : la Suisse et Andorre
En Suisse, les domaines sont ouverts, avec port du masque obligatoire toutefois dans les files d'attente, les remontées mécaniques, les cours de ski et les commerces. Sur les pistes, moins de contraintes : "Le seul moment où vous pouvez vous 'débarrasser' du masque, c'est quand vous profitez du grand air et que vous tirez des courbes sur les pistes", dit le parton des remontées mécaniques du Valais, Didier Defago. Pour compenser la baisse des étrangers, un tiers de la clientèle, les stations ont même lancé une campagne de pub, "Tous en piste !", pour inciter les Suisses qui n'auraient encore jamais chaussé les skis à se lancer.
Covid et stations de ski : l'exemple suisse qui fonctionne.https://t.co/xjBdd7Wn9d pic.twitter.com/Vl9lmHE0TK
— France Bleu Pays de Savoie (@bleusavoie) November 26, 2020
Du côté des Pyrénées, les stations de la Principauté d’Andorre vont elles aussi ouvrir vendredi 4 décembre, comme les restaurants, les bars et les hôtels. Et pour passer la frontière, il n'y a ni test ni quarantaine. Certes ce n'est que la première manche mais cette saison de ski dans les massifs européens s'annonce aussi technique et compliquée qu'une épreuve de slalom géant.
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