"S'il n'y a aucune réaction, la bonne volonté s'épuisera" : à l'hôpital de Melun, les soignants espèrent des changements après la crise du coronavirus
Alors que s'ouvrent lundi 24 mai des concertations au minisère de la Santé, avant un grand plan pour l'hôpital attendu cet été, franceinfo est retourné à l'hôpital de Melun après le pic de malades du coronavirus. Si la réanimation a tenu, les soignants attendent des changements.
Quel avenir pour l’hôpital après la crise du coronavirus ? Le ministre de la Santé Olivier Veran réunit à partir de lundi 24 mai les partenaires sociaux pour une grande réunion multilatérale destinée à réformer le système de santé français avec l’objectif d’aboutir à un plan cet été. D'ores et déjà et quasi naturellement, cette crise eu pour conséquences de changer certaines habitudes, comme au service de médecine intensive (réanimation et surveillance continue) du centre hospitalier de Melun (Seine-et-Marne).
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Dans les couloirs de l’hôpital, c’est le calme après la tempête. Calme relatif, tout de même, comme l’explique le chef du service réanimation le docteur Mehran Monchi. "On a l'impression d'être dans l'œil du cyclone après avoir été en plein dans le cyclone. Il y a un doute : est-ce qu'on est dans l'œil et que le cyclone va reprendre ou est-ce que c'est vraiment le calme plat."
En réanimation, la capacité d’accueil a quasiment été doublée au plus fort de la crise, des renforts sont arrivés mais le docteur Mehran Monchi n’oubliera pas l’essentiel à ses yeux : "Le souvenir que je garde de ça, c'est qu'on a perdu des gens de 40-45 ans qui étaient pères de famille, avec des enfants en bas âge. Quand vous en avez beaucoup, c'est réellement triste."
"Il faut un changement de mode de fonctionnement"
À vrai dire, pour tout le personnel soignant, cette crise laissera des traces indélébiles. Amélie Bruant, infirmière dans le service depuis trois ans, est en train de s’occuper d’un patient atteint du Covid-19. Il est hospitalisé depuis plus de deux mois. Dans la chambre, la télé est allumée. "Je change les perfusions, avec les nouvelles prescriptions, et on rajoute un petit peu d'hydratation car le monsieur commence tout doucement à re-manger et à re-boire avec une trachéotomie. Il a vécu des choses très dures, très graves et il s'en sort !", raconte l'infirmière.
Face à l’adversité, Amélie Bruant estime que des liens très forts se sont créés. Même fatigués, moralement et physiquement, le personnel a prouvé qu’il savait s’adapter. Pour Mehran Monchi, "s'il n'y a aucune réaction et si on fait comme avant, cette bonne volonté, je pense qu'elle s'épuisera au bout d'un certain temps. À un moment donnée, il faut un changement de mode de fonctionnement. Personne n'est à la recherche de reconnaissance, les gens veulent juste travailler dans de bonnes conditions."
L'administration pointée du doigt
Parmi les points de réflexions pour le futur, le docteur Mehran Monchi met en avant le poids de l’administration. "S'il fallait suivre le code des marchés publics pour toutes les machines qu'on a achetées pendant cette crise, et bien les machines seraient arrivées dans six mois, 12 mois... Mais j'aimerais bien voir quelles décisions sont prises pour que ces bureaucraties aient moins de moyens pour fonctionner, et qu'à la limite qu'on leur prenne 50 à 60% de leur budget pour le donner aux hôpitaux. Pour moi, si leur budget reste constant, ils vont nous empoisonner la vie."
Comme le docteur Mehran Monchi, les autres médecins, le personnel soignant de l’hôpital de Melun doutent de la capacité de l’administration à pouvoir se réformer. Pour eux, c’est pourtant par-là que ça devrait commencer.
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