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Reprise du travail : "Il faut que tous les maillons soient bien serrés pour que tout reparte", image le Comité des constructeurs français d'automobiles

La relance dans l'automobile se fait "en deux phases", explique François Roudier, le porte-parole du CCFA. Une phase de redémarrage des usines qui est très lente et une phase de relance. Pour autant, pas question de revenir sur les engagements pris sur la production de véhicules électrifiés, assure-t-il.

Article rédigé par franceinfo
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François Roudier, porte-parole du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA), 22 juins 2009. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

"C'est vraiment toute une chaîne de gestion qui est assez sensible et il faut que tous les maillons soient bien serrés pour que tout reparte", estime mardi 28 avril François Roudier, le porte-parole du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA). Il assure que la reprise du travail dans les usines est nécessaire pour valider les protocoles sanitaires et préparer la phase de relance. Il désire aussi que les constructeurs tiennent leurs objectifs CO2 malgré la crise.

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Comment fait-on pour maintenir les distances de sécurité sur les chaînes automobiles ?


C'est une validation de ce qu'on va faire pour reprendre à fond la production. On n’est pas dans une reprise en un claquement de doigts. La confiance des salariés est essentielle. Les protocoles sanitaires qui ont été mis en place demandent à être validés. On est assez bon dans nos usines automobiles pour respecter des consignes. Les salariés ne sont pas les uns sur les autres, ne serait-ce que parce que vous déplacez les grosses pièces. Vous avez tout un système traditionnel de fabrication qui est accepté. Là-dessus, on rajoute toutes ces contraintes de protocole sanitaire. Il faut avoir la confiance des gens. Il y a le ministère du Travail et le ministère de la Santé qui valident les protocoles. Et puis après, c'est le dialogue entre les instances de sécurité sanitaire de l'entreprise, à la fois la direction et les organisations syndicales.

Ne faut-il pas réinventer, changer un mode de production ?


Alors on adapte. J'ai vu quelques images de choses qui ont été faites dans des usines où vous avez des plexiglas. Il y a de la place quand même dans les usines. Les contraintes sont pour nous un peu différentes et nouvelles sur l'arrivée des salariés, les pauses déjeuner, le système de machines à café qui ne fonctionnent plus… Sur ces points-là, on peut avoir des problèmes. Il faut que les gens soient dans des bus, mais espacés. On a déconseillé, on interdit même le covoiturage pour les salariés. Tout ça est à mettre en place. Mais je suis assez confiant. Une fois que tout le monde aura validé soi-même son principe. La grosse différence qu'on a dans ces protocoles sanitaires, c'est que lorsque le patron de l'usine vous explique qu'il faut produire d'une telle façon, on l'admet parce que c'est son boulot. Là, quand c'est sanitaire, ça touche la personne, ça vous touche vous-même. Vous vous dites si je suis malade, je vais rendre malade ma famille. Il y a tout ce travail de confiance qui est à faire, où les gens doivent expérimenter. 

Peut-être que ce qui a été mis en place aujourd'hui, on va réaliser que ce n'est pas terrible, qu'il faut un peu changer. Avec l'aide des salariés, tout le monde fera différemment pour produire d'ici dix jours. 

François Roudier, porte-parole du Comité des constructeurs français d'automobiles

à franceinfo


C’était indispensable de ne pas attendre pour relancer la production ? Est-ce que tous les salariés seront dans les usines ?


Oui, parce qu'il faut commencer à se préparer à une reprise. Vous avez une relance en deux phases dans l'automobile. Il faut bien comprendre qu’on va vivre la période de redémarrage. Le redémarrage, c’est lent dans les usines. Ça va être aussi lent dans les concessions automobiles parce que vous avez du stock qui doit être livré, qui a été peut-être commandé et d'autre qui est à placer. Et puis après, on aura la phase de relance où là, on doit entrer dans un processus normal de construction et de vente. Il faut comprendre que le samedi du confinement, on a eu les jambes complètement coupées parce que c'était le premier samedi, on lançait nos journées 'portes ouvertes' où vous avez traditionnellement beaucoup de ventes et une production très forte, avec des mois de juin qui sont toujours très, très élevés dans le marché. Donc, on a décalé tout ça et on essaye d'être prêts à bien repartir. On va voir site par site en fonction des besoins, en fonction des approvisionnements aussi, parce qu'on n'est pas tout seul à repartir. Il faut aussi que nos fournisseurs soient capables de livrer, de produire et de livrer. Et puis, il faut qu’à la sortie de chaîne, le véhicule n'aille pas s'entasser sur un parking. Il faut aussi qu'il y ait un camion qui puisse aller le livrer à une concession qui puisse le vendre. C'est vraiment toute une chaîne de gestion qui est assez sensible et il faut que tous les maillons soient bien serrés pour que tout reparte.

Les engagements environnementaux vont-ils être tenus ?

Certains constructeurs trouvent les normes trop contraignantes dans ce contexte. C'est ce qui a été dit au niveau européen, mais nos deux constructeurs nationaux, PSA et Renault, eux, ont dit que, de toute façon, ils tenaient les objectifs CO2.

Il était hors de question d'arrêter tout le mouvement que nous avons lancé sur les véhicules électrifiés, c'est-à-dire électriques purs et hybrides rechargeables. 

François Roudier

à franceinfo

On a investi des milliards sur ces véhicules qui entrent en production. 2020, c'est la grande année où on proposait plus de 30 modèles différents de ces véhicules. Donc, on ne peut pas s'arrêter. Nous, on est totalement pour la poursuite de ce qui avait été prévu avant. On doit tenir les objectifs parce qu'on ne peut pas d'un seul coup changer nos plans par rapport à ce qu'on avait prévu de produire. En janvier, il y avait eu beaucoup d'immatriculations de véhicules électrifiés, tout simplement parce que les concessions recevaient des véhicules de démonstration pour que les gens viennent essayer ce nouveau véhicule.

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