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Reporter des congés : "Je trouve ça choquant et déplacé", répond Yves Veyrier (FO) au Medef 

Pour le secrétaire général de Force ouvrière, deux sujets priment : "Comment on sort de cette épidémie" et ensuite "comment on revoit complètement l'échelle des valeurs, la redistribution des richesses en particulier". 

Article rédigé par franceinfo
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Yves Veyrier, secrétaire général de Force ouvrière, le 3 mars 2020 lors d'une manifestation à Paris. (BERTRAND GUAY / AFP)

Le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier, dit trouver "choquant et déplacé" que le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux propose de reporter des congés payés ou de supprimer des RTT pour relancer l'économie après la fin du confinement en raison de l'épidémie de coronavirus. Le syndicaliste estime lundi 13 avril sur franceinfo plutôt qu'il "serait bienvenu que l'ensemble de ces réformes qui ont fait problèmes (…) soient mises de côté", comme la réforme des retraites ou la loi Santé 2022.

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franceinfo : Que pensez-vous de la volonté du Medef de reporter des congés payés ou de supprimer des RTT ?

Yves Veyrier : Je trouve ça choquant et déplacé. Aujourd'hui, on a beaucoup de salariés qui sont mobilisés H24, notamment dans le secteur de la santé. Souvent d'ailleurs, pour ce qui est de la chaîne de l'alimentation, de l'approvisionnement des Français, ce sont des salariés qui sont mobilisés sans protection au départ - les choses s'améliorent, mais rien n'est complètement résolu, loin s'en faut, malheureusement - et ce sont souvent des métiers en bas de l'échelle qui sont rémunérés au SMIC. Moi, je dis aussi que ceux qui sont en activité partielle aujourd'hui subissent des pertes de salaires, parce que c'est 15 à 20% de moins sur la feuille de paye. Les loyers tombent, les crédits tombent et la situation est de plus en plus difficile. Alors la priorité numéro un, c'est de s'assurer que toutes les conditions de garanties de la santé des salariés est assurée, que ce soit ceux qui travaillent aujourd'hui, à commencer par ceux-là qui sont sur place au travail, et demain il y aura ceux qui devront prendre les transports en commun. Ce sera très compliqué.

Et vous savez, j'en ai un peu marre de ce discours qui laisserait à penser que les salariés se complaisent dans l'activité partielle, par exemple, ou dans le télétravail. 

Yves Veyrier, secrétaire général de Force ouvrière

à franceinfo

L'activité partielle, c'est du revenu en moins et pour beaucoup, les petits et moyens salaires. C'est très difficile aujourd'hui de boucler les fins de mois. Ils n'ont qu'une hâte, c'est de pouvoir reprendre le travail, bien évidemment, pour retrouver leur salaire. Mais encore une fois, à condition de ne pas y risquer sa peau. C'est ça l'enjeu.

Attendez-vous d'Emmanuel Macron qu'il clarifie sa position sur les déclarations du Medef dans son allocution ce lundi soir ?

J'attends au moins que le président de la République nous dise où on en est précisément de l'épidémie par rapport à ce que les scientifiques et médecins, épidémiologistes, connaissent. Comment les choses se dessinent. J'ai entendu le Premier ministre - on était ensemble d'ailleurs avec le patron du Medef, M. Roux de Bézieux, vendredi, en téléconférence avec le président et le Premier ministre - le discours était que le confinement demeurait une impérieuse nécessité et que les améliorations qu'on constate dans la diminution de la croissance de l'épidémie, parce que ce n'est pas la diminution de l'épidémie pour le moment, il fallait rester d'une grande prudence. C'est de cela dont on a besoin, de clarté. Connaître la situation exacte, les perspectives, quels sont les moyens dont on dispose et dont on va disposer rapidement pour se protéger. La question des masques disponibles pour tout un chacun ou non.

Demandez-vous également le report voire la mise de côté de réformes polémiques, comme celle des retraites ?

Oui, je pense que ce serait bienvenu que sur la réforme des retraites qui a profondément divisé le pays, le président de la République indique qu'elle est écartée définitivement, pour qu'on ne se redispute pas sur ce dossier-là. Ce n'est vraiment pas l'urgence. Il y a d'autres réformes, je pense en particulier à celle qui a fait beaucoup de tensions, elle est chargée symboliquement, la loi Santé 2022. Le gouvernement et le président de la République ont annoncé un grand plan d'investissement sur l'hôpital, je pense que symboliquement, il serait bienvenu également que l'ensemble de ces réformes qui ont fait problèmes, débats, contestations, controverses soient mises de côté pour qu'on se concentre sur d'abord comment on sort de cette épidémie, comment on en vient à bout, et deuxièmement, comment on revoit complètement l'échelle des valeurs, la redistribution des richesses en particulier. Plutôt que de travailler plus, j'ai envie de dire au Medef d'inviter à ce qu'on paye mieux et plus les salariés qui sont au bas de l'échelle.

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