Réouverture des discothèques en septembre : "Avec une décision pareille, on condamne les métiers de la nuit"
"Ça va être des dépôts de bilan en cascade, ça va être du chômage", s'alarme Thierry Fontaine, le président de la branche "nuit" de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH), invité sur franceinfo samedi 20 juin.
"La profession se réveille avec la gueule de bois", dénonce samedi 20 juin sur franceinfo Thierry Fontaine, le président de la branche "nuit" de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH). Le gouvernement a annoncé dans la nuit de vendredi à samedi que les casinos, les cinémas et centres de vacances allaient rouvrir à partir du lundi 22 juin. Les discothèques, elles, devront attendre septembre. "Avec une décision pareille, on condamne les métiers de la nuit", pointe-t-il du doigt.
franceinfo : Comment vous réagissez à cette annonce du gouvernement ?
Thierry Fontaine : Ce matin, la profession se réveille avec la gueule de bois. On ne s'attendait absolument pas à ça, on s'attendait à une bonne nouvelle, on pensait que le gouvernement avait pris la mesure de ce qu'on avait expliqué, qu'il y aurait enfin une logique. Depuis quelques semaines, on voit l'illogisme de ce déconfinement : ça avait bien commencé, ça part dans tous les sens. Et là, vraiment, on est atterrés.
On sait que c'est le ministre de la Santé, Olivier Véran, qui a retourné la situation en hurlant dans tous les sens que les discothèques étaient à l'origine des infections.
Thierry Fontaine, président de la branche nuit de l'UMIHsur franceinfo
Moi, quand je vois des gens qui ont 75 ans en moyenne, qui sont infectés et qui décèdent, je suis désolé mais je ne peux pas me retrouver là-dedans. Les discothèques, ce sont des gens qui ont entre 18 et 25 ans : comment est-ce qu'on peut avancer de telles choses ? Nous, ce que l'on pense, c'est que ce ministère est trop gros pour Olivier Véran, c'est une telle pression, c'est bien trop fort pour lui. On pense vraiment qu'il doit laisser ce poste à quelqu'un de bien plus expérimenté et bien plus capable de gérer ce genre de situations.
Que demandez-vous concrètement ?
Nous, lorsqu'on entend que les sports collectifs sont autorisés, que les événements jusqu'à 5 000 personnes peuvent avoir lieu et qu'on interdit les discothèques alors qu'en moyenne elles ont une capacité de 500 personnes, quelle est la logique ? N'importe qui, qui entend ça, se demande comment ils réfléchissent. Avec une décision pareille, on condamne les métiers de la nuit. Comment voulez-vous que des saisonniers qui vont rater leur saison d'été puissent tenir jusqu'en mai 2021 ? Ça va être des dépôts de bilan en cascade, ça va être du chômage, on ne va sauver personne avec des PGE (prêts garantis par l'État) et des aides de 1 500 euros, ce n'est pas possible.
Qu'allez-vous faire ?
On travaille avec des députés qui sont comme nous, sous le choc, qui demandent la réouverture. On va bouger, on va attaquer au Conseil constitutionnel cette décision puisque le Conseil constitutionnel a réussi à statuer sur les manifestations.
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