Rencontre d'Emmanuel Macron et du professeur Raoult : "Une étape importante a été franchie" pour Philippe Douste-Blazy
L'ancien ministre de la Santé et médecin Philippe Douste-Blazy milite pour une généralisation du traitement à l'hydroxychloroquine mis en place par le professeur Didier Raoult pour lutter contre l'épidémie de coronavirus.
Emmanuel Macron a rencontré jeudi 9 avril à Marseille le professeur marseillais Didier Raoult, qui a mis en place un traitement à l'hydroxychloroquine, associé à l’azithromycine pour lutter contre le Covid-19. "Une étape importante a été franchie", a réagi sur franceinfo Philippe Douste-Blazy, médecin et ancien ministre de la Santé. Le président de la République "s'est extrait des sociétés savantes pour se fonder son avis personnel". Pour l'ancien ministre, "les experts, c'est important. Mais au-delà, il n'y a qu'une personne qui peut décider, c'est le chef".
franceinfo : Comment voyez-vous le déplacement d'Emmanuel Macron à Marseille auprès du professeur Raoult ?
Une étape importante a été franchie. Le président de la République s'est déplacé lui-même pour rencontrer des chercheurs qui font des essais cliniques, qui essaient de trouver des médicaments qui peuvent marcher pour arrêter cette hécatombe. Il s'est extrait des sociétés savantes pour se fonder son avis personnel. Certaines des équipes ont été très impressionnées de la connaissance qu'il avait lui-même de la maladie.
Ce déplacement est un appui à ce que fait le professeur Raoult ?
Je ne peux pas le dire. C'est à lui à le dire. En tous cas, c'est une marque de respect vis-à-vis du professeur Raoult. Je crois au retour de la primauté du médecin et du politique au plus haut niveau. Dans les moments de crise, que ce soit de guerre ou de genre sanitaire, il faut qu'il y ait une rencontre entre le terrain et le général. C'est comme ça. Les sociétés savantes, c'est important, les experts, c'est important. Mais au-delà, il n'y a qu'une personne qui peut décider, c'est le chef. Il y a aussi le médecin. Le président de la République a vu ces médecins qui soignent au quotidien cette maladie qui est beaucoup plus grave que l'on croyait au début.
Quelle est l'efficacité du traitement mis au point par le professeur Raoult ?
Il prouve que l'hydroxychloroquine, associée à l’azithromycine, diminue la charge virale en moins de dix jours, à la fois dans les tubes à essai, mais aussi chez les personnes. Dès que les gens n'ont plus la charge virale, non seulement ils ont moins de complications mais, surtout, ils ne sont pas contagieux. La chute vertigineuse que l'on voit aujourd'hui à Marseille est due au fait que ce traitement, généralisé à Marseille, diminue la contagion le plus vite possible. Il ne faut pas attendre que ce traitement agisse aux soins intensifs, on sait que cela ne marche pas, il faut le faire le plus précocement possible.
Vous avez bon espoir que ce soit généralisé ?
C'est la raison pour laquelle je milite. J'ai monté une pétition, 460 000 personnes l'ont signé au moment où je vous parle. C'est vrai que c'est un médicament qu'on connaît depuis très longtemps. Le faire passer pour un poison aujourd'hui, ce n'est pas possible. Oui, il faut faire un électrocardiogramme avant, parce qu'il y a des complications qui peuvent être un trouble du rythme cardiaque. Il faut que ce soit un médecin qui le prescrive. Surtout pas d'automédication. Les Chinois connaissent cette épidémie depuis plus longtemps que nous. Ils avaient pensé à l'hydroxychloroquine. Mais le professeur Raoult a ajouté l’azithromycine, qui est un antibiotique très connu mais qui a des capacités antivirales. Et c'est ça qui marche.
Comment réagissez-vous à la baisse du nombre des patients constaté en réanimation jeudi 9 avril ?
C'est quelque chose que nous attendions. C'est le début des effets du confinement qui se font jour. Chaque fois que nous passons huit minutes en confinement, nous gagnons une vie. Il faut continuer. C'est très dur mais il faut tenir parce qu'on ne peut pas accepter l'idée que 450 personnes par jour rentrent dans les services de réanimation. C'est le début du plateau. Mais soyons encore très prudent et surtout comprenons que, même si on ne le fait pas pour soi, il faut le faire pour les autres. Il faut penser confinement avant de penser au mot déconfinement.
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