"Relâcher le confinement trop tôt, ça conduirait à créer le vrai débordement dans les établissements" de santé, prévient Martin Hirsch
Près de 7 000 patients sont encore en réanimation lundi mais le chiffre semble se stabiliser. "Si on voit les choses se stabiliser c'est parce que le confinement a été mis en place, et très majoritairement respecté", réagit le directeur général de l'AP-HP.
"Relâcher le confinement trop tôt, craquer en ce moment, ça conduirait, alors qu'on ne peut parler que de stabilisation, alors qu'on est encore très proches des limites de la capacité d’absorption, à créer ce qu'on avait évité jusqu'à présent : le vrai débordement dans les établissements" de santé, a prévenu lundi 6 avril sur France Inter Martin Hirsch, le directeur général de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), alors que les derniers chiffres communiqués par la Direction générale de la santé (DGS) font état d'une baisse du nombre quotidien de décès en milieu hospitalier, et d'une diminution du solde entre les admissions et les sorties des services de soins intensifs.
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Ce solde est encore positif ( 140) et les patients en réanimation sont près de 7 000 encore lundi. "On pourrait qualifier la situation comme une certaine stabilisation après une semaine terriblement éprouvante, avec une dynamique du nombre de patients hospitalisés et entrés en réanimation qui était très forte", a jugé Martin Hirsch. Pour lui, cette stabilisation est "bien évidemment" liée aux premiers effets du confinement. "Je crois que ça ne souffre pas discussion. Si on voit les choses se stabiliser c'est parce que le confinement a été mis en place, et très majoritairement respecté", explique-t-il. "Avant le confinement (...) nous savions que le confinement s'il était mis en place et respecté de manière forte aurait un impact, et il a eu un impact".
Je pense que si vous interrogez les experts ils vous diront que le confinement a eu un impact un peu en deçà de ce qu'ils attendaient, mais il a un impact majeur. Et c'est pour cela que nous insistons tous pour ne pas le relâcher dès maintenant.
Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HPà France Inter
Les notions de confinement "vont évoluer", affirme Martin Hirsch. Il "a sauvé des vies", mais, et c'est un effet lié, selon Martin Hirsch, "la proportion de la population immunisée, protégée, qui porte des anticorps, est aujourd'hui faible. On l'a voulu. mais si on lâchait les vannes, c'est une population pas plus protégée qu'il y a un mois qui serait exposée au virus", a-t-il mis en garde.
Parler de "plateau" et non de "pic"
Pour l'heure, "la notion de pic, vous pouvez la bannir de votre vocabulaire", a lancé Martin Hirsch. "Un pic, a-t-il expliqué, ça monte vite et ça descend vite. Là, ça monte vite, et ça descendra, si ça descend, ce qu'on espère tous, lentement ; ça restera stable pendant assez longtemps". La notion de "plateau" serait préférable : "Le terme de plateau est probablement meilleur s'il fait bien comprendre cette notion d'une tension qui dure longtemps".
Un plateau, en montagne, cela peut être un plateau entre deux montagnes, et l'objectif c'est qu'il n'y ait pas la deuxième montagne qui arrive, ou qui arrive trop vite.
Martin Hirsch
Le directeur général de l'AP-HP a par ailleurs indiqué que "depuis le début" de l'épidémie, "environ 2 200 soignants" des hôpitaux franciliens avaient été "infectés". "Parmi eux, quatre étaient hier en réanimation" et "il y en a un certain nombre qui sont guéris", a-t-il précisé. "Depuis plusieurs jours, on observe une certaine stabilité", a admis Martin Hirsch.
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