Vaccination contre le Covid-19 : "Ce n'est pas par l'insulte et la menace que l'on arrivera à convaincre", selon le président de la Ligue des droits de l'Homme
Malik Salemkour, invité mercredi de franceinfo, a estimé qu'on "peut parler vrai sans être vulgaire", après les propos d'Emmanuel Macron sur les non-vaccinés mardi.
"Ce n'est par l'insulte et par la menace que l'on arrivera à convaincre ceux qui sont encore réticents" à la vaccination contre la Covid-19, a alerté mercerdi 5 janvier sur franceinfo Malik Salemkour, président de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), après la polémique suscitée par les propos d'Emmanuel Macron sur les non-vaccinés. Selon lui, le gouvernement va "à chaque fois plus loin dans la provocation, sans apaiser ses opposants". Il prône "des méthodes de conviction et de persuasion.
Quel regard portez-vous sur les propos d'Emmanuel Macron ?
Malik Salemkour : On peut parler vrai sans être vulgaire et on peut parler vrai sans parler faux. L'important est d'être sur le fond. Est-ce que les personnes non-vaccinées sont responsables de l'état de l'hôpital, de la propagation de ce virus ? C'est loin d'être évident. Quand bien même on aurait l'obligation vaccinale, comme c'est envisagé par certains, on n'arriverait pas à 100% des personnes vaccinées. Ensuite, on voit qu'être vacciné ne protège pas de la contamination. On a aujourd'hui un vaccin très efficace, heureusement, pour soigner et prévenir les conséquences graves du Covid-19 mais qui n'évite pas la propagation. Cette obligation vaccinale est un outil qui est envisageable, mais qui est purement théorique. Ce n'est certainement pas par l'insulte et par la menace que l'on arrivera à convaincre aujourd'hui ceux qui sont encore réticents.
Nous passons du pass sanitaire au pass vaccinal. Voyez-vous dans ces mesures un glissement vers une atteinte aux libertés ?
De fait, ce pass vaccinal sera une atteinte aux libertés avec des conséquences discriminatoires évidentes. Un commerçant, un vendeur ou un cafetier pourront contrôler les identités alors que c'est normalement une responsabilité de personnes habilitées. C'est bien là-dessus que l'on voit comment le gouvernement essaie de jouer. Il avance à chaque fois par autoritarisme. Pourtant, on lui dit qu'il y a d'autres solutions, des méthodes de conviction et de persuasion qui pourraient être mises en place. Et à chaque fois, il va plus loin dans la provocation, sans apaiser ses opposants.
Vous pointez des atteintes aux libertés individuelles avec la mise en place de ces différentes mesures. Y a-t-il un problème de prise de conscience de l'intérêt collectif ?
Je le redis : le vaccin, même s'il limite la charge virale, n'empêche pas la contamination. Il y a aujourd'hui quelque chose qui permet d'éviter la contamination, c'est l'accès aux tests. Et c'est pour cela qu'il faut amplifier l'accès aux tests, aux autotests, et permettre justement au plus grand nombre de se tester. Et ça, ce n'est pas discriminatoire. Simplement, aujourd'hui, ceux qui n'en ont pas les moyens ou ceux qui sont isolés, ne peuvent pas avoir accès aux tests. Et là-dessus, il y a une injustice.
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