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Trafic de faux pass sanitaires : "On est sur des réseaux éphémères", explique le directeur de l'Office central chargé de ces dossiers

Le général Sylvain Noyau, invité vendredi de franceinfo, a expliqué que les trafics de faux pass sanitaires sont constitués "d'infractions très différentes" mais toujours "motivés par l'appât du gain".

Article rédigé par franceinfo
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Une personne utilise un smartphone pour prendre en photo un QR code de pass sanitaire, le 7 janvier 2022 en Alsace (illustration). (VANESSA MEYER / MAXPPP)

Le général Sylvain Noyau a promis, vendredi 28 janvier sur franceinfo, "des opérations à venir" dans la lutte contre les trafics de faux pass sanitaires. Alors que 400 enquêtes ont été ouvertes depuis le mois d'août et qu'un réseau de 62 000 faux pass a été démantelé mardi et mercredi, le directeur de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp) a expliqué que ces trafics étaient constitués par "des réseaux éphémères" qui pourront se reconvertir dans une autre délinquance par la suite.

franceinfo : À quel genre de trafic de faux pass avez-vous affaire ?

Sylvain Noyau : Il y a 400 enquêtes qui ont été ouvertes depuis le mois d'août sur les faux pass sanitaires. Beaucoup d'entre elles sont encore en cours, avec des opérations à venir. On est sur des infractions très différentes les unes des autres. On peut avoir des modes opératoires très simples, avec des personnes qui utilisent le faux pass d'un proche ou quelqu'un qui, plutôt que de vérifier la validité de votre pass à l'entrée d'un restaurant, le photographie puis l'utilise ou le met à disposition sur les réseaux sociaux. Pour les dispositifs les plus élaborés, comme celui qui a été démantelé cette semaine, ce sont des hackers aux compétences très pointues qui ont réussi à mettre la main sur les données de connexion des professionnels de santé. Ils ont pu accéder aux comptes Ameli pour générer les pass sanitaires et donc en générer des faux.

Comment travaillez-vous pour identifier puis remonter les filières ?

C'est toute la démonstration de l'enquête judiciaire. Elle peut commencer de plusieurs manières. Pour le réseau démantelé cette semaine, c'est un médecin qui s'est aperçu qu'il a été victime d'une usurpation et a porté plainte. Dans ce cas-là, notre travail est de matérialiser les faits et de remonter les traces avec des auteurs qui, de leur côté, cherchent à anonymiser leur processus. Ils ont exploité des vulnérabilités à un moment du dispositif. Notre travail, c'est également d'identifier les failles de sécurité et les combler avec nos partenaires que sont la justice, le ministère de la Santé, et la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam).

Travaillez-vous de plus en plus dans le domaine informatique ?

Complètement. On voit la place que prend aujourd'hui la cybercriminalité. C'est d'ailleurs pour cela que le directeur général de la gendarmerie a créé l'été dernier le commandement de la gendarmerie dans le cyberespace. On approche ces dossiers comme lors d'une investigation classique, mais également avec une investigation numérique, puis financière puisque c'est l'appât du gain qui motive les auteurs. Imaginez : 62 000 pass qui se vendent entre 200 et 300 euros l'unité...

Est-ce qu'à l'image des stupéfiants, c'est devenu un marché avec sa filière organisée ?

Oui, on a des filières de hackers, qui s'appuient sur des faussaires qui vont générer des faux pass, qui s'appuient eux-mêmes sur des rabatteurs qui vont aller chercher, notamment sur les réseaux sociaux, des bénéficiaires qui cherchent à obtenir des faux pass sanitaires. La différence avec un réseau de trafic de stupéfiants qui est plutôt globalement toujours le même, c'est qu'on est sur des réseaux éphémères qui vont être constitués un jour pour les faux pass sanitaires, mais demain ce sera des fraudes aux moyens de paiement ou une autre structure avec des faux papiers.

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