C'est un paradoxe dans un pays où l'on risque d'aller en prison pour avoir brandi une pancarte depuis trois semaines, dans de nombreuses villes, les rassemblements anti "QR code", la version russe du pass sanitaire, se multiplient à Kazan, la capitale de la république du Tatarstan, à l'Ouest de la Russie. Le pays est l'un des plus touchés au monde : on enregistre plus de 1 200 décès par jour du Covid-19.Loin des statistiques officielles qui font état de 270 000 morts, le gouvernement a reconnu que le nombre de décès approchait les 750 000 depuis le début de la pandémie. Le pouvoir fédéral hésite toujours à prendre des mesures coercitives et la révolte gronde dans les régions qui imposent le pass sanitaire dans les transports ou les lieux publics.Une liberté de ton peu couranteÀ Kazan, quelques centaines de personne ont bravé la police. "Les rassemblements sont réglementés par la loi fédérale 54, hurle un haut-parleur de la police. Et vous n'avez pas déposé de demande..." "Comme si quelqu'un allait nous autoriser à manifester", ironise une femme. Les manifestants tiennent, face aux caméras. Et sur les réseaux sociaux, on retrouve des propos dont la liberté de ton est peu courante en Russie actuellement. "Nous ne voulons pas être des numéros, dénonce une manifestante. Nous voulons être des personnes, avoir notre propre avis et qu'on nous laisse entrer dans les transports sans QR code."Le contrat tacite avec la population est rompuD'après certains politologues, il existe un contrat tacite entre le gouvernement et la population : l'autorité d'un côté, la possibilité de tracer son chemin, de cumuler plusieurs emplois (pas toujours déclarés), de l'autre. Avec le Covid, ce contrat a été rompu et pour de nombreux Russes, cela est beaucoup plus grave que réduire au silence les opposants.