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Covid-19 : "de héros à collabos", les soignants de Marseille face aux insultes des anti-vax

Un collectif de médecins et de scientifiques a dénoncé mardi les insultes et menaces qu'ils subissent depuis des mois parce qu'ils défendent la vaccination contre le Covid-19. Le même jour, François Crémieux, le directeur général de l'Assistance publique-hôpitaux de Marseille (AP-HM) a déposé plainte.

Article rédigé par franceinfo - Romane Porcon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un soignant dans le service de réanimation des patients Covid à l'hôpital de la Timone à Marseille (Bouches-du-Rhône). (VALERIE VREL / MAXPPP)

À l’hôpital de la Timone à Marseille, Daniel, infirmier libéral, vaccine tous les jours contre le Covid-19. Les insultes et les menaces de la part des patients sont devenues monnaie courante. "On encaisse leur mal-être et leur frustration, explique-t-il. On se fait traiter de ‘collabos’... ‘Vous nous injectez du poison’… On fait face, on explique les choses et généralement, avec le dialogue, ça passe. Et nous, on ne se fait pas taper dessus. C’est le paradoxe : on est passé de héros à collabos, voilà..." Il sourit. "On essaie de garder le sourire parce que sinon je crois qu’on ferait autre chose peut-être."

Il n'empêche, dans les couloirs de l'hôpital, le personnel soignant parle beaucoup de ces emportements. "Je sais que certains médecins ont peur que ça aille au-delà des insultes. Ils peuvent se sentir menacés personnellement, physiquement", raconte Jules, étudiant en cinquième année de médecine. 

"Ce climat est hyper délétère alors forcément ça affecte".  

Jules, étudiant en médecine

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Cet étudiant qui se prépare à devenir médecin soupire et confie : "Ça fait un peu peur pour l’avenir. C’est inquiétant que les personnes qu’on essaie de soigner soient hostiles envers le personnel médical dans son ensemble. Ce sont des messages très durs. Entre l’an dernier où on applaudissait à 20 heures et maintenant … Rien à voir !Mais Jules tempère. "Je pense que c’est une minorité et il ne faut pas se dire qu’on ne va pas devenir médecin parce que ces gens existent ."

Toutefois, ces violences sont quotidiennes, d'où la détermination du professeur Jean-Luc Jouve, président de la commission médicale d'établissement de l'Assistance publique-hôpitaux de Marseille (AP-HM), de ne rien laisser passer. "Il faut savoir que ce sont des phénomènes qui se produisent un peu partout en France. Quand un médecin se prononce pour la vaccination et encourage la vaccination, il s’expose à recevoir des SMS ou des mails anonymes. J'en ai reçu : lorsque je dis qu’actuellement dans les réanimations de l’AP-HM, il y a 90% de patients non-vaccinés, immédiatement je reçois des messages me disant : ‘Tu es un menteur’, ‘Tu es à la solde de l’un, de l’autre'... Au début je tombais des nues, maintenant je ne les lis même pas. Ce qui me paraît le plus grave c’est que cela donne un message de défiance vis-à-vis du corps médical, ça ce n’est pas bon".

"Il ne faut pas banaliser ces choses et le seul moyen de ne pas les banaliser c’est de déposer une plainte pour que ça ne passe pas pour quelque chose d’anodin" 

Pr Jean-Luc Jouve

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Le professeur Jouve a d’ailleurs apporté son soutien à François Crémieux, le directeur général de l’AP-HM. Ce dernier a indiqué mercredi 7 septembre sur son compte Twitter avoir porté plainte pour "injures publiques envers chargé de service public", "menace de crime ou délit contre les personnes ou les biens à l’encontre d’un chargé de mission service public". en marge de la manifestation contre le pass sanitaire samedi, des tags injurieux et menaçants ont été tracés au pied de l'immeuble où habite... un homonyme.

En marge de la manifestation du samedi 4 septembre à Marseille, des opposants au pass sanitaire et au vaccin ont tagué des insultes et des menaces sur la façade de l’immeuble d’un homonyme du président de l’AP-HM. 

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