On s'y emploie. Et si le confinement faisait naître des envies de reconversion ?
Six semaines de confinement, parfois six semaines de télétravail ou même parfois d'inactivité totale. Pour certains, c'est l'occasion de tout remettre en question, de voir son travail sous un nouveau jour, et pourquoi pas, d'avoir envie d'en changer.
Après six semaines de confinement et de télétravail pour beaucoup d'entre nous, l'idée de changer de vie fait son chemin chez beaucoup de salariés. Evelyne Stawicki est coach, psychologue du travail, professeur à l'ESCP Europe, elle évoque les raisons de ce désir de reconversion.
franceinfo : c'est normal, par les temps qui courent, d'avoir envie de changer de travail ? Vous vous attendez à une vague de démissions après le confinement ?
Evelyne Stawicki : une vague je ne sais pas, mais une chose est sûre c'est que nous n'allons pas sortir indemne de cette crise. Elle nous aura transformés, fait mûrir, fait réfléchir, même sans nous en apercevoir. Il y a des désirs qui vont émerger, il y a des refus qui vont s'imposer, et il va y avoir en effet des phases de concrétisation qui vont se mettre en oeuvre à l'issue du confinement.
Le manque de sens de certains métiers peut-il apparaître au grand jour ?
Le confinement, et le travail que l'on aura fait pendant, vont aggraver des choses qui préexistaient avant la crise. Mais en effet, ça va me sauter au visage. Que je ne sais pas travailler seul, ou au contraire que j'ai besoin de distanciation sociale. Ou alors j'ai été mis au chômage partiel, je n'ai aucune nouvelle de mon entreprise pendant toute la durée du confinement ; ça me montre l'ineptie de mon travail actuel, le peu de cas que l'on fait de moi. Je ne suis pas prêt à repartir comme avant, dans mon travail. Ce sont des questions qui vont émerger, bien sûr.
Comme une relation amoureuse qui se délite...
On peut en effet faire cette analogie. Le principe de réalité va surgir. Avec des questions de fond : quelles sont mes aspirations ? Qu'est-ce que j'aime faire, quels sont mes vrais talents ? Qu'est-ce que j'ai envie d'apporter aux autres. Ces questions sont d'autant plus fortes quand on a côtoyé la peur de la maladie, la peur de la mort, la peur de la perte.
Et certains métiers ont pris la lumière ces derniers temps...
J'espère que cette crise va avoir mis la lumière sur des métiers qui sont très pénuriques. Aides soignantes, auxiliaires de puériculture, directeur d'Epahd, art thérapeute...Tous ces métiers d'aide à la personne sont essentiels. Pour certains, revenir à la relation à l'autre peut être une belle perspective de reconversion.
Qu'est-ce qui peut laisser penser que cette fois, c'est la bonne ?
Comme pour tous les rêves, il va falloir le confronter au principe de réalité. Prenez contact avec des personnes ressources, via les réseaux sociaux, pour les interviewer sur leur manière de vivre, sur leur façon de vivre leur métier.
Regardez les formations possibles, les dispositifs existants pour voir la faisabilité de votre projet. Prenez quelques séances de coaching pour "challenger" votre projet. Aujourd'hui il y a des tas de coachs qui proposent des prestations par téléphone, profitez-en. C'est important de se faire aider par des professionnels de la transformation.
Puis après, commencer à identifier les étapes, les difficultés possibles, les freins et aussi les ressources que vous avez, et que vous ne soupçonnez même pas. Et puis associez-y vos amis, certains membres de votre famille, mais attention, uniquement les personnes qui sont soutenantes. Pas les oiseaux de mauvaise augure.
Quels sont ceux qui réussissent leur reconversion ?
Ils ont en commun la détermination, la foi, la conviction, le souci de transformer leur rêve en réalité. Ils ne laissent pas les peurs diriger leur vie. Les peurs servent à aiguillonner leur projet mais n'effacent pas leurs rêves. Faisons très attention à nos peurs, ce sont de mauvaises conseillères.
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