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"On est très inquiets sur notre avenir", s'alarment les gérants de discothèques, qui ne se voient pas appliquer la distanciation

Les représentants du secteur doivent être reçus par le ministère du Tourisme en fin de semaine afin de discuter de la mise en place d'un "comité de filière" et du sort des 100 000 emplois directs concernés.

Article rédigé par franceinfo
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Contrairement au bars et café, les discothèques n'ont toujours pas le droit de rouvrir. (STÉPHANE MILHOMME / FRANCE-INFO)

"On est très inquiets sur notre avenir", s'alarme mardi 2 juin sur franceinfo Aurélien Dubois, président de la Chambre syndicale des lieux musicaux, festifs et nocturnes (CSLMF), gérant du club Dehors Brut dans le 12e arrondissement de Paris. Les établissements de nuit n'ont toujours pas l'autorisation de rouvrir en France. Le Premier ministre a bien évoqué "une possible réouverture le 22 juin", mais Aurélien Dubois "ne voit pas comment on pourrait appliquer un protocole sanitaire de distanciation alors que le propre de notre activité, c'est le rassemblement (…) Baisser la fréquentation ça veut dire casser l'ADN de nos établissements."

franceinfo : Comment vivez-vous le fait de ne pas pouvoir reprendre votre activité alors que tout le pays ou presque redémarre ?

Aurélien Dubois : Alors, on est très content déjà pour nos confrères restaurateurs, pour les gens qui ont des bars et des établissements qu'ils puissent rouvrir, que la vie puisse redémarrer. Mais effectivement, nos adhérents sont très inquiets et nous aussi, en tant que responsables d'organisations professionnelles et syndicales, sur le silence qui s'est installé depuis maintenant de longues semaines et sur l'incertitude de notre réouverture. On a entendu le Premier ministre parler l'autre jour, dans son allocution d'une possible réouverture le 22 juin, qu'on serait tenu au courant. On fait beaucoup de bruit, on essaie de se faire entendre. Pour cela, on a monté des groupes de travail, on a sollicité les différents ministères. Mais aujourd'hui, à ce jour, on ne nous explique pas les procédures, la feuille de route, et on est très inquiets sur notre avenir.

On a envie de trouver des solutions pour qu'on puisse voir le jour. Sinon malheureusement, la nuit ne reverra pas le jour.

Aurélien Dubois, gérant du club parisien Dehors Brut

Concrètement, comment peut-on imaginer une discothèque avec les principes de précaution sanitaire ? Comment vous imaginez cela ?

Aujourd'hui nous, on ne l'imagine pas, simplement parce que baisser la fréquentation et la jauge, ça veut dire casser l'ADN de nos établissements. Notre ADN, c'est bien le rassemblement, la cohésion sociale, le lien, venir discuter, échanger, voir des artistes tous ensemble, partager ces moments de passion et de musique, de fête. Et effectivement, aujourd'hui, on ne voit pas comment on pourrait appliquer un protocole sanitaire de distanciation alors que le propre de notre activité, c'est le rassemblement. Et donc, c'est pour ça qu'on a fait des communiqués de presse et qu'on a sollicité les différents ministères. Et Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat au Tourisme, nous reçoit normalement en fin de semaine afin de monter un comité de filière justement pour trouver des solutions. Ce comité de filière s'appellerait Nuits lieux musicaux festifs et de vie, parce qu'évidemment notre milieu, c'est aussi la vie, c'est la cohésion, c'est la cohésion de la cité. On a réellement besoin de trouver des solutions et des protocoles sanitaires qui s'appliquent.

Le milieu de la nuit, ça représente combien de salariés, combien d'intermittents qui ne peuvent pas travailler depuis plus de deux mois ?

Notre filière directe des établissements festifs, musicaux et nocturnes, c'est à peu près 100 000 emplois directs,100 000 emplois indirects, à peu près de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires et tout un écosystème qui gravite autour des intermittents, mais aussi des artistes, des producteurs de musique, des éditeurs phonographiques. On est aussi vecteur de découvertes artistiques, d'émergence. C'est tout un écosystème qu'on a construit avec les collectivités locales, avec les comités de riverains, avec les ministères, les municipalités. Ca a été vraiment beaucoup de travail, et ça va s'effondrer si malheureusement il n'y a pas de compréhension aujourd'hui de notre problématique.

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