Nouveau monde. L’hébergement des données de santé chez Microsoft fait polémique
Le Health Data Hub, destiné à des projets de recherche en intelligence artificielle sur la santé, n'est pas hébergé chez un acteur français. Des organisations professionnelles contestent le choix du gouvernement.
Le Health Data Hub est une plateforme censée contenir toutes les données de santé provenant des hôpitaux et de l’Assurance maladie. Le but ? Permettre aux chercheurs de développer des modèles d’intelligence artificielle afin de mieux prédire les maladies et les épidémies et d’établir de meilleurs diagnostics ou même de trouver de nouveaux médicaments.
Créé l'an dernier, ce Health Data Hub est hébergé dans le cloud informatique de la société américaine Microsoft. Des organisations professionnelles contestent ce choix et ont déposé un référé-liberté en Conseil d’État. Celui-ci se prononcera jeudi 11 juin 2020.
Sécurité des données
Le choix d’un prestataire américain interroge, alors que le gouvernement a lui-même abondamment parlé de souveraineté numérique à propos de l’appli StopCovid. Les données sont anonymisées et chiffrées et les accès se font dans le cadre de la loi Informatique et Libertés, sous le contrôle de la Cnil. Cependant, cela pourrait poser problème à cause de la loi américaine Cloud Act qui autorise la justice américaine à accéder à n’importe quel contenu stocké par des hébergeurs américains, y compris en dehors des États-Unis. D’un autre côté, le RGPD européen interdit le transfert de données de pays membres vers des pays extérieurs et est donc censé nous protéger.
"Religion Microsoft"
La sénatrice Catherine Morin-Desailly s’est récemment émue de cet état de fait et a interpellé le secrétaire d’État au numérique, Cédric O. De son côté, Octave Klaba, le PDG de la société française OVH spécialisée dans le cloud, a déploré sur Twitter le fait que l’État ait "peur de faire confiance aux Français" au nom de la "religion Microsoft".
Le gouvernement répond qu’au moment où le contrat a été passé, en 2019, OVH ne remplissait pas les conditions suffisantes en matière de sécurité pour l’exploitation des données (notamment l’absence de certification HDS et de GPU, pour être précis et technique). Or, les autorités expliquent avoir voulu aller vite et mettre en place ce Health Data Hub sans tarder.
Un choix de prestataire évolutif
Cela dit, tout n’est peut-être pas perdu pour les Français. La directrice du Health Data Hub, Stéphanie Combes, précise dans Le Point que le contrat avec Microsoft n’est pas définitif et qu’il sera possible, dans le futur, de travailler avec des Français, si les conditions techniques sont remplies. OVH affirme qu’il est désormais au niveau technique mais qu’il attend des précisions de la part du gouvernement concernant certaines exigences. D’autres prestataires français, comme Scaleway et Hotscale, seraient également intéressés.
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