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Micro européen. Covid-19, un excellent résultat en Grèce, mais des perspectives économiques et touristiques sombres

La Grèce, après l'épidémie de Covid-19, enregistre seulement 169 morts, et le pays a démarré un confinement très tôt. La journaliste Alexia Kefalas revient sur cette gestion de la crise sanitaire, notamment dans les familles, avec les seniors. Mais toute l'activité économique s'est effondrée et la crise avec la Turquie voisine inquiète les Grecs.

Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Une vue aérienne de la plage de Potamos, à Epanomi, en Grèce, après sa réouverture le 16 mai 2020, en pleine vague de chaleur.  (NICOLAS ECONOMOU / NURPHOTO / AFP)

En dépit de la bonne gestion de la crise sanitaire, la Grèce n’est pas au bout de ses peines, crise économique et provocations turques font son quotidien.

Ainsi que le confirme notre invitée, Alexia Kefalas, journaliste à Athènes, la Grèce, par le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis, a très rapidement pris les bonnes mesures contre le Covid-19, et pour une population de 10,72 millions d’habitants, seuls 2 874 cas de Covid-19 ont été confirmés avec, au 22 mai, 169 décès. Il faut dire que la crise, qui a touché la Grèce dès 2008, a fortement touché le secteur hospitalier grec. Après des coupes budgétaires successives, son budget a été divisé par deux, la situation étant intenable, et les Grecs en ont conscience.

Une nouvelle crise

Après le Covid-19, la Grèce, comme beaucoup de pays, va être touchée par une nouvelle crise économique, redoutée par la population. Et le cauchemar de la décennie de crise économique, coupe budgétaire après coupe budgétaire, mémorandum après mémorandum, ces soi-disant "plans de sauvetage", sont présents dans les esprits grecs.

Aujourd’hui, les Grecs redoutent cette nouvelle crise, toute l’activité s’est arrêtée en Grèce durant trois mois, et le pays est en train de s’effondrer. Les prévisions de la Commission européenne et du FMI prévoient une récession de 10% pour la Grèce, un des pays européens les plus touchés, un chiffre beaucoup plus élevé que celui existant durant le pic de la crise grecque de 2011. Et les Grecs craignent que le tourisme soit impacté.

Un tourisme en danger

Le tourisme représente 20% du PIB grec, le second derrière la marine marchande. Les recettes de 2019 représentaient 18 milliards d’euros avec 34 millions de touristes, soit trois fois la population grecque. Aujourd’hui, 150 secteurs économiques sont concernés, 1 actif sur 5, et si le tourisme grec est la colonne vertébrale du pays, il a chuté de 80%.

Le 15 juin prochain, les frontières grecques seront ouvertes, le port du masque sera obligatoire sur tout le territoire, distanciation sociale et gel hydroalcoolique à disposition ; pour les plages, il faudra compter avec 40 personnes sur 1 000m², une distance de 4 mètres entre les parasols, et désinfection des chaises longues à chaque passage d’un client.

Quant aux transports maritimes, les ferries accueilleront 55% des passagers, un siège sur deux sera condamné, et les cabines entièrement désinfectées à chaque port. Pour autant, rien ne dit que les Européens ou les autres choisiront de quitter leur pays pour les vacances d’été prochaines. Mais la Grèce avec autant de mesures n’est pas au bout de ces peines, car elle doit faire face aux provocations répétées de la Turquie.

La question turque

La question turque est une crise beaucoup plus grave, que ce soit dans les airs ou en mer, où la Turquie viole au quotidien ces deux espaces grecs. Le rapport de force est grand pour le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, qui doit faire face à une crise économique très grave dans son pays, sans parler de la crise du Covid-19 dont on sait fort peu de choses, hormis les chiffres du worldometers.info faisant état de 154 500 cas de Covid-19, 4 276 décès au 22 mai, pour une population de 84 millions d’habitants, chiffres à prendre encore avec quelques retenues.

Et la dernière action du président turc a été la menace d’ouvrir ses frontières aux 4 millions de réfugiés se trouvant en Turquie vers l’Europe, mais ici l’Union européenne s’est trouvée aux côtés de la Grèce, et Erdogan n’a pu mettre en œuvre son nouveau plan, alors qu’au nord de la Grèce à la frontière turque, l’armée et la police grecque n’ont de cesse de provoquer les forces grecques, d’où des heurts très fréquents.

Et il est à redouter que Recep Tayyip Erdoğan ne s’en tiendra pas là, et qu’il continuera ses provocations envers la Grèce, qui, vient de prendre la présidence du Comité des ministres Conseil de l’Europe, de mai à novembre 2020.

Au Conseil de l’Europe d’entendre la Grèce

À la tête de cette présidence du Comité des ministres du Conseil de l’Europe, qui compte 47 états membres dont la Turquie, la Grèce va pouvoir mettre sur la table ses priorités pour sa présidence qui compte, entre autres, les principes fondamentaux et valeurs qui sont au cœur de la mission du Conseil de l’Europe.

Ainsi surgira la question des migrants qui sont au nombre de 40.000, s’entassant dans des conditions insalubres dans des îles, face à la Turquie, et que les pays européens, encore aujourd’hui, laissent la Grèce et l’Italie se débrouiller avec ce drame humain, dont bien souvent les pays du nord de l’Europe ne veulent pas entendre parler, puisqu’il s’agit de pays du sud de l’Europe dont ils ont tendance à dédaigner l’actualité. Espérons, qu’une femme du sud de l’Europe, la Croate Marija Pejčinović Burić, la secrétaire générale du Conseil de l’Europe saura entendre et écouter la Grèce par la voix de Panayiotis Beglitis, le représentant permanent de la Grèce auprès du Conseil de l'Europe.

Rappelons que la Grèce est membre du Conseil de l’Europe depuis le 9 août 1949, soit trois mois après sa création le 5 mai 1949, un membre historique. Enfin, la présidence grecque est déterminée à lutter pour la protection de la vie humaine et de la santé publique, la crise du Covid-19 en étant un aiguillon, d’où le vœu grec d’une gestion efficace d’une crise sanitaire, dans le plein respect des droits de l’homme et des principes de la démocratie et de l’État de droit.  

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