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Témoignages Covid-19 : avec la fin du masque obligatoire, certaines personnes fragiles ne se sentent plus "en sécurité"

Face au rebond épidémique, ces citoyens malades ou immunodéprimés se sentent vulnérables et parfois incompris. Un sentiment qui les conduit à privilégier le télétravail, à éviter les transports et, pour certains, toute sortie à l'extérieur.

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des personnes continuent à porter le masque sanitaire au marché de Hyeres (Var), le 19 mars 2022. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS)

À 83 ans, Michel sort toujours de chez lui avec son masque sur le visage : "C'est pour me protéger comme je suis une personne à risque. J'ai plus de 80 ans déjà et je suis sous traitement." Depuis que le masque n'est plus obligatoire en intérieur après la levée des restrictions sanitaires liées au Covid-19, Michel évite certains lieux : "Il y a des endroits où je ne suis pas retourné, comme au cinéma ou au théâtre."

"Je ne vais que dans des restaurants où il y a un volume d'air suffisant et pas de promiscuité."

Michel, 83 ans

à franceinfo

Michel évite aussi les transports en commun, où le masque reste de rigueur mais où une partie des voyageurs le portent mal, sous le nez, voire carrément sous le menton : "J'évite le métro, je prends le bus aux heures creuses, j'évite les périodes de pointe quand j'ai besoin de prendre les transports en commun." Avec le rebond de l'épidémie, la question du port du masque se pose à nouveau. Mardi, l'OMS, a estimé que plusieurs pays européens, dont la France, ont levé trop "brutalement" leurs mesures anti-Covid.

La peur de déranger

Lamia, 54 ans, souffre de la thyroïde et préfère, elle aussi, rester masquée. "Il est toujours avec nous, ce masque. Il nous protège parce que j'ai peur", confie-t-elle, demandant aux gens de faire plus attention à elle. Amadi a, lui, des problèmes d'hypertension. Il est anxieux également, mais n'ose pas demander aux autres de porter le masque, pour le protéger.

"Tu te trouves face à des gens qui ne le portent pas, tu ne vas pas faire la police quand même, leur expliquer qu'il faut le mettre."

Amadi, atteint d'hypertension

à franceinfo

Ce sentiment d'insécurité est partagé par de nombreuses personnes à risque de faire une forme grave du Covid-19, constate Yvanie Caillé, fondatrice de Renaloo, association de patients insuffisants rénaux : "Ils se retrouvent souvent quasiment les seules personnes à porter le masque. Ils ne se sentent pas forcément en sécurité."

Rebond de l'épidémie du Covid-19 : l'inquiétude des personnes fragiles au micro de Solène Le Hen

"Ils sont un peu déçus par certains collègues"

Sur le lieu de travail, cette différence est encore plus problématique, ajoute Yvanie Caillé : "Ça a conduit un certain nombre d'entre elles, d'ailleurs, à demander à repasser en télétravail total, voire en chômage partiel, puisqu'elles ont toujours aujourd'hui cette possibilité pour se protéger. Et puis, ce que certains disent aussi, c'est qu'ils sont un peu déçus par certains collègues qui, bien qu'ils connaissent leur état de santé fragile, ne font pas forcément attention et restent démasqués en présence de ces collègues immunodéprimés."

L'association a lancé une campagne de communication pour inciter tout le monde à porter le masque en solidarité avec les personnes fragiles. Le message : "Protégez-vous, protégez-nous".

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