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"Je ne faisais que pleurer en silence" : obligées d'accoucher masquées à cause du Covid-19, des mères racontent leur traumatisme

Sensation d'oppression, difficulté à pousser, impossibilité de communiquer... Avec le mot clé #StopAccouchementMasqué, des femmes témoignent de la violence, pour elles, d'avoir été obligées de porter un masque lors de leur accouchement.

Article rédigé par franceinfo - Alice Kachaner
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Photo d'illustration. (LIONEL LE SAUX / MAXPPP)

Pascalina a 25 ans et en mars dernier, au coeur de la première vague du Covid-19, elle a accouché, masquée, de son premier enfant. Un souvenir qui reste encore très douloureux. "J'ai l'impression qu'on m'a volé mon accouchement, qu'on m'a imposé quelque chose et qu'on ne m'a pas écoutée". La jeune femme revoit la scène, ce masque sur le visage qui l'empêche de reprendre son souffle au moment de pousser. "Je me sentais oppressée. Du coup, j'ai baissé mon masque. J'étais clairement dans les vapes".

L'obstétricien dit 'c'est bon, on passe à la césarienne' et me lance 'vous n'aviez qu'à mieux pousser'.

Pascalina, 25 ans, a accouché en mars.

à franceinfo

"J'étais comme anéantie, confie Pascalina. Tellement de stress que du coup, je me suis mise à vomir. Je ne faisais que pleurer en silence de tristesse".

Sur les réseaux sociaux, les récits de femmes racontant avoir été traumatisées se multiplient avec le hashtag #StopAccouchementMasqué. Sonia Bisch, porte-parole du collectif Stop aux violences obstétricales et gynécologiques, a elle-même reçu plusieurs centaines de témoignages. "Actuellement, on est en période d'épidémie, mais les femmes qui accouchent, elles, n'ont pas à payer ce prix là. Elles n'ont pas à accoucher avec un masque. Des femmes qui continuent à pleurer après leur accouchement, des semaines après. Il y a besoin de davantage de 'bientraitance' médicale", insiste-t-elle.

En Allemagne, on accouche sans masque

Pour échapper au masque, certaines femmes enceintes envisagent d'aller accoucher à l'étranger. C'est le cas de Céline, qui vit à quelques kilomètres de la frontière allemande : "J'ai demandé à mon conjoint, qui parle allemand, d'appeler l'hôpital le plus proche de chez nous en Allemagne pour savoir comment ça se déroule là-bas. La secrétaire de la maternité a rigolé et elle lui a dit 'mais on ne peut pas faire accoucher une femme avec un masque, ce n'est pas possible'." 

La grande majorité des maternités françaises imposent en effet le port du masque lors de l'accouchement. Il est d'ailleurs recommandé par le collège national des gynécologues et obstétriciens français. Sa présidente élue, Joëlle Belaisch-Allart, explique qu'il faut à tout prix éviter la propagation du virus.

Postilloner, et on postillonne beaucoup pendant l'accouchement, c'est un haut risque de disséminer le virus.

Joëlle Belaisch-Allart

à franceinfo

"Pour protéger la patiente et protéger les soignants, je n'ai pas honte de le dire. Si tous les soignants sont malades, comment on va faire les accouchements ?, interroge la gynécologue. Donc oui, c'est à cause du Covid-19 qu'il y a cette histoire [de masque obligatoire], le Covid-19 est violent."

Dans ses recommandations, le collège national des gynécologues précise toutefois qu'en cas de refus de la patiente, le port du masque ne peut être imposé. Dans ce cas, l'équipe médicale doit être équipée de lunettes de protection et masques FFP2.

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