Coronavirus : "Les hôpitaux sont prêts" pour faire face à l'augmentation des cas, assure un épidémiologiste
Selon Martin Blachier, nous vivons actuellement une "vague silencieuse" durant laquelle le virus circule entre jeunes, souvent asymptomatiques. Elle risque "par porosité" d'atteindre les personnes vulnérables.
"Je pense que les hôpitaux sont prêts. Je pense qu’aujourd'hui, on traite mieux les patients, que le taux de mortalité sera bien inférieur", a déclaré sur franceinfo, dimanche 26 juillet Martin Blachier, épidémiologiste, spécialiste en santé publique. Il réagissait à l’augmentation du nombre de cas de coronavirus en France. Selon le scientifique, "il y a une circulation au sein des jeunes qui est totalement silencieuse dans la société française et qui, pour l'instant, visiblement, n'a pas atteint la population plus à risque".
Martin Blachier met en garde contre un risque de deuxième vague en cas de "porosité entre cette population jeune, qui se recontamine, et une population vulnérable qui, elle, pour l'instant, fait plus attention."
franceinfo : Est-on prêt pour faire face à une recrudescence de l’épidémie ?
Martin Blachier : Je pense que les hôpitaux sont prêts. Je pense qu'ils sont même plus prêts que ce qu'ils étaient, largement, avant la première vague. Je pense qu'aujourd'hui, on traite mieux les patients, que le taux de mortalité sera bien inférieur, mais je pense qu’ils n'ont absolument pas envie d'avoir de nouveaux patients Covid dans leurs services.
On n'étaient pas sur un bon schéma avant de rendre le port du masque obligatoire dans les lieux clos. Je pense que ça va vraiment changer la donne.
Martin Blachier, épidémiologisteà franceinfo
On s'est trompé en pensant qu'on allait réussir à contrôler avec notre "tester, tracer, isoler". C'est largement insuffisant, et ça ne fonctionne pas très bien.
Dans un entretien au Parisien Olivier Véran en appelle à la vigilance des jeunes, car les personnes testées positives au Covid-19 sont en moyenne plus jeunes que pendant la première vague. C’était prévisible ?
Absolument. Les gens qui se sociabilisent le plus au déconfinement, ce sont les jeunes. Ils ont une vie beaucoup plus active, et donc le virus circule plus au sein d'eux. Ils sont essentiellement asymptomatiques. C'est ce qui fait qu'au début c'est très discret, assez silencieux. C’est ce qu’on avait dit : une vague silencieuse va précéder potentiellement une deuxième vague dans les services d'hospitalisation, s'il y a une porosité entre cette population jeune, qui se recontamine, et une population vulnérable qui, elle, pour l'instant, fait plus attention.
Aujourd'hui, il y a une circulation au sein des jeunes qui est totalement silencieuse dans la société française et qui, pour l'instant, visiblement, n'a pas atteint la population plus à risque.
Martin Blachierà franceinfo
Faut-il durcir les gestes barrières ? Certains proposent par exemple de porter un masque tout le temps, même dans la rue.
Non, ce n'est pas appuyé sur des faits scientifiques. Il y a beaucoup de gens qui disent ça parce qu'ils disent que ça devient compliqué de l’enlever et de le remettre. Pour l'instant, c'est dans les lieux clos que ça montre son efficacité.
Je rappelle que dans les lieux clos, le risque est 20 fois supérieur qu’à l'extérieur. Quand vous êtes tout seul en extérieur, aucune raison de porter un masque.
Martin Blachier, épidémiologisteà franceinfo
Je ne pense pas qu'il faille faire de zèle. C'est suffisamment contraignant comme situation. Je pense qu'il faut optimiser les mesures barrières pour qu'elles soient acceptables par la population, donc, typiquement, appeler à porter le masque en extérieur, je ne pense pas que ça aille dans la bonne direction. Il faut dire que ce qui est important, c'est de porter le masque dans les lieux clos.
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