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Coronavirus : "C'est maintenant ou jamais qu'il faut faire obstacle à ce virus. Après, c'est trop tard", estime l'infectiologue Anne-Claude Crémieux

L'infectiologue à l'hôpital Saint-Louis à Paris estime sur franceinfo que "si on met tout en œuvre, mesures barrières et mesures de tests et de recherche des contacts, on doit arriver à freiner ce virus".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Anne-Claude Crémieux, infectiologue à l'hôpital Saint-Louis à Paris. (France 2)

Les préfectures des Bouches-du-Rhône et de Gironde ont annoncé lundi 14 septembre le renforcement des mesures sanitaires face au rebond inquiétant de l'épidémie de Covid-19 dans ces départements : appels à limiter les rassemblements dans la sphère privée, abaissement à 1 000 personnes maximum de la jauge pour les événements publics, restriction des visites dans les Ehpad, et plus largement extension du port du masque et de la distanciation physique.

Le masque et la distanciation physique "sont des armes très efficaces", a réagi Anne-Claude Crémieux, infectiologue à l'hôpital Saint-Louis à Paris, sur franceinfo. "Aujourd'hui où il y a vraiment une intensification de la circulation, c'est maintenant ou jamais qu'il faut faire obstacle à ce virus. Après, c'est trop tard. On perd totalement le contrôle."

franceinfo : Le masque reste-il la meilleure manière d'éviter la propagation du virus ? Les contrôles vont être renforcés car il y a encore un besoin d'autorité, de fermeté, comme s'il existait encore un doute sur son utilité ?

Anne-Claude Crémieux : Ce qui est important c'est que les gens comprennent que nous n'avons pas beaucoup d'armes, mais nous en avons : le masque et la distance d'un mètre quand on est dans des lieux clos ou mal ventilés. Ce sont les deux mesures les plus protectrices. Et lorsqu'on est en milieu ouvert, effectivement le masque peut être suffisant parce qu'il y ces fameux aérosols qui sont des suspensions de virus dans des lieux mal ventilés. Mais évidemment, si on est dans un lieu ouvert et qu'on enlève le masque parce que tout simplement, on va s'alimenter, on va boire un verre, à ce moment-là, la distance sociale devient absolument indispensable. Ce sont des armes très efficaces, et aujourd'hui où il y a vraiment une intensification de la circulation, c'est maintenant ou jamais qu'il faut faire obstacle à ce virus. Après, c'est trop tard. On perd totalement le contrôle.

Est-ce que ça se joue en ce moment ?

N'oublions pas la limitation des rassemblements, c'est là où il y a un risque très important de propagation, d'accélération des épidémies. Il faut aussi ces mesures (masque, distance, limitation des rassemblements et vigilance de tous) dans le milieu privé. Ce n'est pas parce que ce n'est pas interdit que les mêmes mesures et les mêmes risques n'existent pas. On freine la circulation du virus. C'est pour ça qu'on ne vit pas la même situation qu'en mars. Et il faut continuer à faire pression sur ce virus.

Est-il est possible qu'on se retrouve dans une situation similaire à celle de la fin de l'hiver où l'on découvrait cette épidémie et dont on ne savait pas grand-chose ?

Je ne crois pas, parce que n'oubliez pas que lorsque cette vague est arrivée, nous n'avions aucune arme. Nous n'avions pas de masque. Nous n'avions pas pris de précautions de distance sociale. Nous n'avions pas de tests. On a laissé filer l'épidémie, et en particulier dans les lieux où les personnes sont les plus fragiles, les Ehpad, tout simplement parce qu'on n'était pas capables d'identifier les personnes infectées. Aujourd'hui, si on met tout en œuvre, ces mesures barrières et ces mesures de tests et de recherche des contacts, on doit arriver à freiner ce virus.

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