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Masques chirurgicaux pour les enseignants : "Ce qu'on demande, c'est des FFP2", s'agace un syndicat face à la propagation d'Omicron

Les infirmiers et infirmières de l'Education nationale sont débordés par la gestion des cas positifs et cas contacts au Covid-19, avec des parents perdus dans les protocoles sanitaires et qui n'arrivent pas à faire tester leurs enfants.

Article rédigé par franceinfo
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La secrétaire générale adjointe du principal syndicat des infirmiers et infirmières de l'Education nationale réclame un protocole de test simplifié, de nombreux parents n'arrivant pas à tester leurs enfants trois fois en l'espace de quatre jours (Image d'illustration). (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

"Ça fait bien longtemps qu'on dit qu'il faudrait que les gens qui sont les plus proches des élèves – et les enseignants le sont – aient des masques chirurgicaux", déplore la secrétaire générale adjointe du Snics-FSU, Sylvie Magne, jeudi 6 janvier sur franceinfo, après que le Premier ministre Jean Castex a annoncé que le gouvernement allait fournir des masques chirurgicaux FFP1 aux enseignants d'ici la fin du mois. Le Snics-FSU est le syndicat majoritaire des infirmiers et infirmières de l'Education nationale. Elle-même infirmière scolaire en Loire-Atlantique, Sylvie Magne a "l'impression [de vivre] un jour sans fin" et demande des masques FFP2, plus protecteurs, pour les professionnels de l'Education national. Jusqu'à présent, les personnels enseignants n'avaient reçu de leur administration que des masques en tissu. Et Jean Castex a précisé attendre un avis des autorités sanitaires sur une extension de l'utilisation des masques FFP2.

franceinfo : Comment se passe cette semaine de rentrée pour les infirmières scolaires ? 

Sylvie Magne : Depuis la reprise, les remontées qu'on a de toutes les académies sont dans le même registre, avec de grandes préoccupations, des collègues débordés qui n'arrivent même plus à faire face à la gestion de tous les cas confirmés, des cas contacts. Ils sont submergés d'appels par les familles, qui comprennent parfois difficilement les protocoles, malgré les explications que l'on peut donner.

"Les infirmiers et infirmières voient revenir des élèves alors qu'on a demandé qu'ils restent chez eux, soit parce que les familles n'ont pas réussi à les faire tester, soit parce qu'ils n'ont pas compris ce qui leur avait été expliqué."

Sylvie Magne (Snics-FSU)

à franceinfo

C'est extrêmement préoccupant. La grande majorité des collègues ne font plus que ça, répondre aux familles, essayer de gérer avec les équipes réduites. Parce qu'il faut bien avoir conscience que la flambée épidémique a lieu dans la population générale, et pas que chez les jeunes. Dans les vies scolaires, il y a aussi des absents. Par exemple, hier, dans l'académie de Montpellier, dans un établissement de 900 élèves, il y en avait seulement 750 présents, et à peu près une vingtaine d'adultes absents. C'était dans l'académie de Montpellier, mais on peut retrouver à peu près ça quel que soit l'endroit. Je crois qu'il n'y a pas de zone épargnée. La reprise a été violente, avec des protocoles différents. Le plus difficile à gérer en ce moment est le niveau de sixième avec, selon l'âge – moins de 12 ans ou plus de 12 ans –, des règles qui ne sont pas les mêmes au sein d'une même classe. Vous voyez bien la discrimination que cela peut provoquer. 

Quel protocole souhaiteriez-vous à la place ? 

Un protocole qui soit peut-être simplifié, ou surtout dont les préconisations soient réalisables. On voit bien en ce moment, et les familles nous le disent, la difficulté pour les parents d'obtenir un test le jour où un camarade de leur enfant est testé positif, puis d'obtenir les autotests pour pouvoir tester leurs enfants à J+2 et J+4. Actuellement, il y a des familles qui ne peuvent obtenir qu'un premier rendez-vous pour un test à J+4. D'un jour à l'autre, les cas se multiplient. On voit bien cette montée en puissance des contaminations qui ne facilite pas les mesures d'isolement, de traçage des contacts. On voit bien la complication que cela occasionne. 

Le Premier ministre vient d'annoncer que des masques chirurgicaux seraient fournis à tous les enseignants d'ici la fin du mois. Il attend l'avis du Haut conseil de la santé pour les masques FFP2. Qu'en pensez-vous ? 

Ça fait bien longtemps qu'on dit qu'il faudrait que les gens qui sont les plus proches des élèves – et les enseignants le sont – aient des masques chirurgicaux. On sait que les jeunes peuvent être souvent porteurs sains. Aujourd'hui, on voit bien qu'ils sont au-delà de porteurs sains, qu'ils se contaminent entre eux et potentiellement qu'ils peuvent contaminer les adultes. On sait bien que le masque en tissu n'est pas suffisamment protecteur. Nous, ce qu'on demande, c'est que des FFP2 soient fournis. Il faut savoir qu'actuellement, les infirmières de l'Education nationale ne sont pas dotées en masques FFP2. C'est quand même un problème. Moi, je travaille avec des FFP2 parce que dans l'établissement où je suis, il y a une volonté d'entendre les demandes qui sont faites, mais ce n'est pas le cas partout. Il y a des endroits où les budgets sont plus difficiles et ne permettent pas forcément aux infirmières d'avoir des FFP2.

"Les infirmières travaillent avec des masques chirurgicaux, mais sont au contact de cas confirmés, parce qu'ils sont envoyés vers l'infirmerie. Nous-mêmes, on n'est pas protégées correctement."

Sylvie Magne (Snics-FSU)

à franceinfo

Quant aux masques chirurgicaux, on est le 6 janvier 2022, on se retrouve dans la même configuration qu'en 2020, quand il n'y avait pas de masques du tout. Je ne peux pas comprendre ça. On alerte depuis des mois en disant qu'il faut protéger les personnels, qu'il faut aussi permettre aux élèves de se protéger et donner des masques gratuits pour qu'on soit sûr qu'ils soient changés de façon régulière, et qu'ils soient protecteurs. On a l'impression d'un jour sans fin.

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