Malades du covid-19 hébergés à l'hôtel : "Le but est d'établir un sas de non contagion pour protéger les siens", explique le président de l'Académie de médecine
"Les transmissions intrafamiliales sont très fréquentes" selon Jean-François Mattéi. Si l'on veut "couper la circulation du virus", il faut donc "commencer par le faire au sein de nos propres familles".
À partir du lundi 20 avril, des hôtels de la région parisienne accueilleront des malades du Covid-19 ou des porteurs asymptomatiques qui sont très contaminants "afin d'établir un sas de non contagion pour protéger les siens", explique le président de l'Académie nationale de médecine Jean-François Mattéi, se félicitant que cette expérience puisse être menée.
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franceinfo : Pourquoi décider d'héberger des malades du covid-19 dans des hôtels ?
Jean-François Mattéi : Les travaux réalisés par les équipes chinoises ont montré l'importance des contagions intrafamiliales. Les Chinois enregistrent des chiffres qui sont autour de 80% de contagion à l'intérieur des familles. Il peut s'agir d'un patient simple qui ne nécessite pas d'être hospitalisé, alors on va le confiner à domicile avec les mesures barrières, mais c'est très difficile. Les logements sont souvent trop petits. Plusieurs personnes y vivent. Il y a des équipements communs, les salles de bains, les toilettes et le risque de transmission est réel. Et puis, il y a aussi le cas des convalescents qui sortent de l'hôpital après avoir été hospitalisés pour covid-19 et on ne peut éliminer le risque de transmission au sein du foyer, tout de suite au retour à domicile. C'est basé sur le volontariat étant entendu que le but est d'établir un sas de non contagion pour protéger les siens.
Vous voulez dire que l'on n'est pas forcément guéri à la sortie de l'hôpital ?
Pour reprendre l'expression du directeur général de la santé, bien sûr qu'on ne sort pas de l'hôpital avec de la fièvre ou en toussant, mais qui peut dire aujourd'hui, qu'en quittant l'hôpital, on n'est plus du tout porteur du virus et qu'il ne peut pas éventuellement être transmis. Donc, on n'est jamais assez précautionneux, assez prudent, surtout quand il s'agit des siens, lorsqu'on sort de l'hôpital ou qu'on est hospitalisé à domicile. Il faut être d'une prudence extrême.
L'Espagne a mis ce dispositif en place il y a bien longtemps. Pourquoi la France a-t-elle du retard ?
Ca demande de l'esprit d'initiative et de l'esprit d'entreprise. Je crois qu'à Perpignan ça se fait déjà et je pense que dans telle ou telle ville, ça peut se faire. Et puis, d'autre part, on apprend au fur et à mesure que l'on côtoie la maladie et on voit bien aujourd'hui qu'effectivement, les transmissions intrafamiliales sont très fréquentes et que si on veut couper la circulation du virus, il faut commencer par le faire au sein de nos propres familles.
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