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"Les dérives sont infinies" : le suivi de la population face au coronavirus fait débat jusque dans la majorité

Le gouvernement envisage d'avoir recours à des applications mobile de suivi des personnes en vue du déconfinement afin de mieux tracer les chaînes de contamination. La question fait débat dans les rangs de LREM. 

Article rédigé par franceinfo - Boris Loumagne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un jeune homme consulte une application sur son smarphone (illustration). (SIXTINE LYS / RADIOFRANCE)

Comment envisager la sortie du confinement, tout en préservant nos libertés individuelles ? C’est la question qui se pose alors que le gouvernement envisage d’avoir recours à des applications mobiles de suivi des personnes. En clair, nos déplacements et nos interactions avec d'autres personnes pourraient être enregistrés dans une application sur notre téléphone. Cela permettrait de savoir si nous avons été en contact avec une personne malade. Une application similaire est déjà en service à Singapour et le Royaume-Uni y réfléchit. En France, cette possibilité inquiète des députés LREM qui parlent d'intrusion dans la vie privée.

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Une efficacité remise en question 

Le député LREM de la Vienne Sacha Houlié fait partie des réticents, d'abord parce que ces outils ne seraient, selon lui, pas efficaces pour lutter contre l'épidémie de Covid-19. "Tout le monde n'est pas muni d'un smartphone ou d'une montre connectée et c'est précisément les populations les plus à risque, les personnes âgées, qui ont le moins ce type d'appareils", pointe Sacha Houlié. 

Le danger est aussi d'empiéter sur les libertés individuelles. Sacha Houlié parle même de "bracelets électroniques" pour caractériser les applications de suivi des personnes, ou "tracking" en anglais. "On sortirait d'une prison matérielle pour une prison à ciel ouvert, ce qui n'est pas beaucoup plus souhaitable", s'alarme le député de la Vienne.

Le délégué général de LREM en faveur d'une utilisation temporaire

Des députés de la majorité sont, à l'inverse, en faveur de ces méthodes de traçage. A commencer par leur patron, Stanislas Guérini. Le délégué général de LREM se dit favorable à ce type d'outils si leur mise en oeuvre est encadrée et limitée dans le temps. Ce qui n'a pas de quoi rassurer tous ses collègues. "C'est un changement de paradigme qui est trop important pour prendre cette décision en temps de crise, dans l'urgence, sans aucune consultation publique plus large. On serait en train d'en forcer l'acceptabilité sociale dans des conditions très particulières", argumente la députée des Français de l'étranger, Paula Forteza qui a récemment quitté les rangs de la majorité. 

Des craintes pour l'après-épidémie

Le député LREM du Val d'Oise Aurélien Taché est lui aussi sceptique et appelle à se projeter sur l'après épidémie. "Une fois la population habituée, ces mesures de traçage ne pourraient-elles pas perdurer ?" craint l'élu. "Imaginez par exemple que le fisc se dise 'on va surveiller tel ou tel contribuable, ses comportements, là où il va, ce qu'il achète, est-ce que c'est conforme à sa déclaration d'impôts?' Les dérives sont infinies", s'alarme Aurélien Taché.

L'audition du secrétaire d'état au numérique, Cédric O, jeudi 9 avril, devant la commission des lois de l'Assemblée nationale, devrait permettre d'en savoir plus sur les outils de traçage retenus ou non par le gouvernement.
 

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