Les cérémonies de vœux des maires annulés à cause du Covid-19 : "On a l'impression qu'on ne sert à rien"
Pour tenter de freiner la progression épidémique, les préfets et élus ont été invités à annuler leurs traditionnelles cérémonies de voeux de début d'année. En Normandie, maires et habitants se désolent de perdre ce moment privilégié de lien social.
Devant la mairie aux pierres ocres de Quittebeuf, le maire Benoît Hennart est de nouveau privé de voeux. Comme en 2021, le maire de ce village de l'Eure ne pourra pas s'adresser aux 670 habitants lors de la traditionnelle cérémonie de début d'année. "Une double déception" pour lui : "Je ne pensais pas que cette année, on allait être obligés de subir la même chose".
Face à la propagation du variant Omicron, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a écrit aux préfets le 23 décembre, pour leur demander d'annuler les cérémonies de voeux, incitant les élus locaux à faire de même.
"On ne voit plus personne"
Benoît Hennart ne comprend pas pourquoi les meetings des candidats à la présidentielle sont maintenus, de plus sans jauges, mais pas ce temps fort des communes, notamment des petites.
"C'est vraiment scandaleux. Nos vœux sont aussi importants que les meetings des politiques."
Benoît Hennart, maire du village de Quittebeufà franceinfo
"On a l'impression qu'on ne sert à rien, nous les 'petits'. Comme si nos voeux n'étaient pas importants", se désole le maire de Quittebeuf. Des habitants tiennent aussi beaucoup à cette cérémonie, comme Denise. "Encore cette année, on l'aura pas", désespère cette habitante de 83 ans. "C'est dommage ! On ne vit plus, on ne voit plus personne, on reste chacun dans son petit coin. On sort seulement une fois par semaine pour faire quelques courses."
A Quittebeuf, les voeux ont longtemps été animés par Georges. Durant les douze ans de son mandat de premier adjoint, il a affiché des diaporamas photos, assuré la musique et même écrit des sketchs. Pour lui, le regret est encore plus grand. Il déplore une perte de lien avec les habitants du village, "des gens [qu'il] ne croise plus et [qu'il] ne rencontrait qu'à ces occasions-là, ou lors des événements organisés par les associations."
À la place, se rendre chez les habitants
Pour pallier ce manque de contacts avec ses administrés, et entretenir le lien avec eux, la maire de Daubeuf-la-Campagne, à dix kilomètres au nord de Quittebeuf, a décidé de distribuer des cartes, et même des chocolats à ses 200 administrés, en se rendant directement chez eux. Cela lui permet d'en rencontrer davantage, car finalement aux voeux ne viennent que "10 à 15% des habitants", admet Laurence Bussière.
"J'aime bien aller chez les gens. Je trouve ça plus intime, et plus intéressant. On peut parler de petits problèmes personnels."
Laurence Bussière, maire de Daubeuf-la-Campagneà franceinfo
En allant directement voir ses administrés, elle découvre parfois que certains "ont des difficultés pour remplir des papiers et ne sont pas passés à la mairie." Laurence Bussière veut maintenir ce rendez-vous et ses visites, surtout avec les aînés, les plus isolés dans les zones rurales.
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